Overdrive, voici un nom qui n’apostrophe pas forcément en ce début de 21ème siècle. Pourtant, son origine territoriale n’est autre que la Suède. Mais il faut remonter d’un quart de siècle dans le temps pour mieux situer cette formation qui connut le succès en 1984 avec son album de référence, le bien nommé "Swords And Axes". Les plus aguerris d’entre nous se remémoreront la pochette de ce 33 tours où un viking musclé tentait de couper la planète en deux, armé d’un glaive surdimensionné. A l’époque, cet album avait marqué les esprits car il découlait d’une déferlante "heavy metal" émanant de la Scandinavie, mais également d’autres contrées, comme la Grande Bretagne, l’Allemagne et même la France. Il faut tout de même signaler que le contenu de cette galette était en parfaite adéquation avec les canons riches en décibels attendus à cette époque.
Entre les années quatre vingt et aujourd’hui, la carrière d’Overdrive est restée tapie dans l’ombre, avec seulement quelques rééditions et autres compilations qui ne furent éditées qu’en nombre d’exemplaires très limités. Alors qu’attendre du retour de ces mercenaires de l’ancienne garde, et surtout qu’ont-ils encore à offrir après cette longue absence discographique avec "Let The Metal Do The Talking" ?
Un premier constat est déjà plutôt positif quant à l’état de force d’Overdrive. A l’exception du chanteur, la composition du groupe est la même qui fut à l’origine de " Swords And Axes". Même si les chevelures sont nettement moins opulentes et la barbe poivre et sel de rigueur, les vikings n’ont pas oublié la manière d’utiliser leurs instruments et sont toujours capables d’affûter des riffs et des soli ronflants, ce qui reste indubitablement leur marque de fabrique. Point d’esbroufe au programme, les douze titres sont millimétrés, concis et volontaires. Certes, le point d’ancrage reste cependant assez analogue d’une composition à l’autre, mais une attention particulière tend à se manifester, notamment sur le morceau éponyme, où le bottleneck apporte une touche de chaleur et d’entrain non négligeable. De même, sur l’instrumental "Den Of Iniquity", les soli de guitares fusent sur une rythmique pétulante. Voilà de quoi confirmer qu’Overdrive n’a pas viré sa cuti et sait se monter toujours vaillant lorsqu’il s’agit de faire chauffer les amplis.
Le deuxième constat, car il faut s’y attendre, va résonner comme un contre-coup qui découle des premières impressions. Overdrive se retrouve pris entre les qualités de ses défauts. Le manque d’innovation se fait par trop absent sur l’ensemble de cette production, surtout pour amorcer un retour dans un contexte où la sphère métallique a beaucoup évolué. Un morceau comme "Réincarnation" fait l’effluve de clichés déjà maintes fois entendus, sauf pendant les années quatre vingt. Et c’est ici le principal reproche dont Overdrive risque de faire les frais. Il en est de même à l’écoute de "Chasing Highways", reprenant les schémas tout tracés qui ont fait la force des titres, voir des hymnes heavy metal des glorieuses eighties. Mais ces vétérans du métal ont heureusement de l’expérience, qui transpire sur "Trapped Under Ice", un tempo médium hargneux et bien senti, où la voix de Per Karlsson, le jeunot de la troupe, s’inspire de Bruce Dickinson.
Le troisième et dernier constat va répondre à la question initialement posée. "Let The Metal Do The Talking » jette un pavé de poids dans la marre. Bien que pétri de qualités d’interprétation, cette production laisse présager à Overdrive un retour en demi-teinte. Les plus jeunes ricaneront certainement à son écoute, en se demandant pourquoi ce genre de groupe tente de refaire surface, mais les plus anciens se rempliront les oreilles avec nostalgie, en pensant au look "Hardos" qu’ils arboraient fièrement au cours des années quatre vingt. En revanche, et quoi qu’il en soit, "Let The Metal Do The Talking" restera un album bien avare de pessimisme. Car avec son contenu, nos cinq compères en pleine force de l’âge sont certainement prêts à faire la nique "On Stage" à un bon paquet de groupes dont les membres étaient tout juste nés alors qu’Overdrive écumait déjà les festivals européens.