Dix albums studio en 11 ans d’existence, la carrière du projet Alan Parsons aura été prolifique ... Parti du prog symphonique, largement passé par la case pop FM à succès, expérimentant dans l’électro lors de leur précédent album, le duo Woolfson - Parsons cherche dans ce dernier opus l’inspiration du coté de l’œuvre de l’architecte catalan Gaudi.
Ce vague concept est un faux prétexte ... Dans ce court album (moins de 39 minutes), l’auditeur sent nettement que les compositeurs sont arrivés au bout de leur collaboration, et réutilisent la plupart du temps les recettes qui ont fait leur succès : une production exemplaire pour des titres plutôt formatés ('Too Late', 'Standing on Higher Ground'), ou bien des morceaux lents dans lesquels la voix de Woolfson est systématiquement employée ('Closer to Heaven', 'Inside Looking Out'). L’utilisation de la guitare paraît très conventionnelle, et quand les compositeurs veulent essayer d’innover, ils frôlent la déroute : 'Money Talks', basé sur un riff de guitare très inhabituel pour eux, est un titre raté, réussissant à mettre John Miles à la peine sur les vocaux ! Ajoutons que les ballades sont d’un sucré que le McCartney de 'The Long and Winding Road' n’aurait pas désavoué : on est au bord du diabète auditif !
Les instrumentaux fort attendus sur tous les disques d’APP tournent ici court : le dernier titre 'Paseo de Gracia' reprend le thème du premier 'La Sagrada Familia', en l’épiçant d’un agréable passage à la guitare classique, mais la magie d’origine a quasiment disparu. Seul le morceau d’ouverture arrive à faire illusion, renouant avec la veine orchestrale des premiers enregistrements (“Tales...” et “Pyramid”) pour un résultat homogène et varié (si, c’est possible : le soin des orchestrations en témoigne !).
Avec ce “Gaudi”, APP quitte la scène par la petite porte, Woolfson et Parsons continuant à mener des projets séparément. Mais ni l’un ni l’autre n’atteindront la qualité musicale de leurs premières réalisations. La symbiose aura quand même duré dix ans !