Suivant un rythme régulier, Iron Maiden est de retour avec un nouvel album deux ans après "No Prayer For The Dying". Et après l’échec commercial de celui-ci, le groupe remet les pendules à l’heure. Avec un line up stable, Steve Harris et ses hommes reprennent les recettes qui ont fait leur succès, avec des chansons énergiques et d’autres plus nuancées, et c’est, pour le public et les médias métal, un réel retour en grâce. Un changement à noter vient du fait que la production n’est plus assurée par Martin Birch seul, Steve Harris co-produisant l’album. Celui-ci est d’ailleurs enregistré dans son studio personnel, Barnyard Studios.
L’album commence très fort avec Be Quick Or Be Dead, le premier single. Gers et Dickinson composent une chanson très heavy. Ce titre met une claque à l’auditeur et sert à prouver que le groupe est encore bien vivant. From Here To Eternity, le deuxième single, est une chanson typique de Maiden, énergique et facilement mémorisable. Après un début d’album très rentre dedans et très réussi, Steve Harris revient à un style plus progressif proche de "Seventh Son". Afraid To Shoot Strangers est une magnifique chanson toute en nuance, dotée d’un refrain imparable et de paroles très fortes. Fear Is The Key est un ton en dessous. Bien que Dickinson fasse une belle prestation, et même si elle ne marque guère les esprits, elle reste supérieur au « ventre mou » de l’album qui s’annonce.
En effet l'album se voit plombé par des morceaux à très faible valeur ajoutée, donnant le sentiment que le groupe tourne parfois en rond. Childhood’s End est donc plutôt ratée. Elle est certes très mélodique, mais peu de choses en ressortent avec son allure de face B. Wasting Love voit Maiden tenter de séduire le grand public par une ballade (le morceau sortant en single), mais il n’est pas Def Leppard ou Bon Jovi et le ratage est complet. Le morceau est bien difficile à écouter en entier et la tentation de passer au suivant prend vite le dessus. The Fugitive, est bien meilleur comparativement mais, bien qu’énergique, il vaut essentiellement par la prestation de Bruce Dickinson. Chains Of Misery relève un peu le niveau. Il possède un bon refrain et est musicalement plus inspiré, mais il est un peu le symbole de cette impuissance à refaire des tubes.
Heureusement, la fin de l’album se veut plus inspirée. Avec Week-End Warrior, nous avons encore un morceau qui mérite l’attention. Dickinson y fait une excellente prestation, tour à tour doux et énergique. Mais c’est bien avec Fear Of The Dark que la fin de l’album est sauvée. Steve Harris compose un véritable chef d’œuvre épique de puissance et de mélodie. Un des plus grands titres de l’histoire du groupe et toujours un grand moment en concert.
Le groupe signe donc un retour en force après le pâle "No Prayer...", et cela même si l’album ne tient réellement la route que grâce à 5 très bon titres et un chef d’œuvre. Le sentiment général qui en ressort est cependant ce manque d'inovation et l’annonce du départ de Bruce Dickinson un an après sera peut-être le résultat d’une lassitude que l’on sent quand même assez fortement. La pochette est, quant à elle, plus réussie mais il est à noter qu’elle n’est pas - et c’est la première fois - de Derek Riggs, celui-ci payant sans doute sa pochette ratée de "No Prayer...". C’est bien le début de la fin d’une époque...