"Pyramid" est le troisième album du Projet Alan Parsons. Lui-même et Eric Woolfson sont toujours aux commandes et le concept fonctionne : un duo pour composer, un groupe central pour l’exécution musicale, un orchestre et des chœurs pour donner du volume, et plusieurs chanteurs de session (donc changeant d’un album à l’autre) pour varier les ambiances.
Avec "Pyramid" (un clin d'œil à la couverture de "Dark Side of the Moon ?"), APP va trouver son équilibre : il est de ces albums qui, sans qu’on comprenne pourquoi au premier abord, recèlent une certaine magie. On peut considérer "Pyramid" comme un concept-album, pas au niveau du “scénario”, assez flou, mais bien musicalement : la récurrence de certains thèmes (les quatre premières notes de 'Voyager') tout au long des titres tisse un joli fil conducteur que l’auditeur a plaisir à suivre. De même, la liaison entre les morceaux est très souvent assurée, ce qui donne une belle cohérence à l’ensemble.
L’utilisation d’effets sonores et l’excellence de la réalisation sont également pour beaucoup dans la réussite de cet album que nous n’hésiterons pas à qualifier d’atmosphérique. Un grand coup de chapeau à l’exacte utilisation de l’orchestre et des chœurs, présents mais pas envahissants. Mieux qu’une œuvre atmosphérique, “Pyramid” est une œuvre d’atmosphères (au pluriel) : on y passe de l’intimité dépouillée de 'The Eagle Will Rise Again' (ah, cette voix posée sur un simple arpège aux claviers !) au rock de 'One More River' (j’adore décidément l’énergie de Lenny Zakatek ...) avec joli break orchestral intégré et reprise au sax, puis au début planant de 'Can’t take it With You', à l’orientalisant 'In the Name of Gods' (ambiance "Atom Heart Mother" garantie !), au déjanté 'Pyromania' puis au spatial 'Hypergamma Spaces' , pour enfin arriver au calme 'Shadow of a Lonely Man', avec son ample orchestration. Un voyage sans temps mort !
APP confirme également sa grande maîtrise des instrumentaux, sachant allier instrumentation classique et utilisation équilibrée des textures synthétiques : 'Voyager' est une intro idéale, 'In the Name of Gods', une démonstration d’orchestration, et 'Hypergamma Spaces', une référence (pour l’époque) dans l’ambiance électro-synthétique.
Ne passez pas à côté de cet excellent album, dans lequel APP quitte la variété pop pour s’aventurer dans la frange du progressif. L’album suivant (“Eve”), encore de bonne qualité, sera plus formaté et préfigurera ce que sera l’évolution du groupe sur la fin de sa carrière.