1983. Depuis le départ de Steve Hackett, l’esprit de Genesis semble bien parti en lambeaux ... Chaque album essaie quand même de se raccrocher à son glorieux passé prog, en témoignent des pièces comme Behind The Lines ou Duke’s Travels-Duke’s End dans Duke, ou encore le morceau-titre d’Abacab. Les aficionados se demandent comment le groupe va trouver son équilibre, écartelé entre les sirènes commerciales et l’exigence du “progressisme”.
La première partie de cet album sans titre semble apporter un éclatant début de réponse. Si les amateurs de prog vont plus que largement trouver leur compte dans la suite Home By The Sea / Second Home By The Sea avec ses longs développements aux claviers (et quelle magnifique reprise de thème vocal !), les amateurs de musique plus légère seront enchantés par That’s All, un titre facile dans le bon sens du terme, très bien troussé et sans prétention.
Mais c’est surtout le morceau d’entame qui va rester dans les mémoires. Ce Mama d’anthologie sidère l’auditeur par l’énorme impression qu’il laisse dès les premières mesures, avec un extraordinaire travail de percussions réalisé par Phil Collins. Mais Phil ne se contente pas que de cela. Pour la première fois, il habite totalement une partition vocale, allant bien au-delà du simple chant, portant littéralement la lancinante montée de tension jusqu’au paroxysme. Jamais il n’a été aussi bon, aussi présent que sur ce titre : chapeau, Mr Collins, que ne chantez-vous pas plus souvent comme cela !
KO debout après cette première partie, l’auditeur va être très brutalement ramené sur terre par un Illegal Alien de très pauvre facture. A l’inverse de Mama, on a rarement entendu Phil Collins aussi mauvais, nasillant sur une mélodie ringarde et pas très jolie (à l’image de la photo très moche qui montre dans le livret les trois compères de Genesis grimés en faux émigrants : c’est d’un goût douteux !). Suit une “Collinade” très formatée et donc sans intérêt (Taking It All To Hard), puis un curieux titre qui se veut “fun” (Just A Job To Do) mais sur lequel le timbre adopté par le chanteur sonne très artificiel et sans chaleur, faisant encore davantage décrocher l’auditeur. Et ce n’est malheureusement pas Silver Rainbow qui le raccrochera, avec son dynamisme artificiel (un titre qui aurait pu se retrouver sur And Then There Were Three...). It’s Gonna Get Better est imprégné de l’atmosphère mélancolique qu’affectionne Tony Banks, mais reste un titre pop très mineur pour un groupe comme Genesis.
Impression donc totalement mitigée pour cet album. La plupart d’entre nous ne voudra garder en mémoire que la face A du vinyle, pour oublier prestement et définitivement la face B !