Deuxième album pour Sandalinas, du nom du guitariste espagnol Jordi Sandalinas, fondateur et compositeur du groupe. Le premier, produit par Andy La Rocque, guitariste de King Diamond, offrait un hard mélodique de bon niveau et pas trop démonstratif pour un virtuose de la guitare. Une bonne formule apparemment puisqu’il lui valut de tourner en Espagne avec Malmsteen, Scorpions, Saxon et quelques autres. Alors on prend les mêmes et on recommence ?
Pas du tout, enfin presque ; seul reste à bord le producteur Andy La Rocque, exit tous les autres membres du groupe. Enfin ceux-ci ne sont pas remplacés par des manchots inconnus, lisez plutôt. Bienvenue à Rick Altzi, vocaliste apprécié pour ses performances avec At Vance ; à l’argentin Mick Servino (ex- Blackmore’s Night et Violent) qui nous tient la basse, et à Patrick Johansson de Malmsteen qui assure derrière les fûts. Les claviers sont eux gardés par Elias Holmild de Dragonland. Ce n’est pas tout, il y a aussi quelques « guests appearances » de choix ; telles que celles de Chris Caffery de Savatage qui vient faire un peu de gratte et de Derek Sherinian aux claviers sur la dernière piste. Ne vous attendez pas à voir tout ce beau monde sur scène, le line-up y est encore différent.
Allons droit au but, la musique est dans la même veine que celle du premier opus. L'ensemble y est tout aussi varié mais reste cohérent. La production semble plus léchée et l’accent mélodique plus insistant. Ceci pourrait être dû à la voix chaude de Rick Altzi, voix qui par instants se confond avec celle de Jorn Lande de Masterplan.
L’album démarre tambour battant avec deux morceaux assez rapides « Fly To The Sun » et « Never Seen Before ». Le premier est plutôt dans la veine du speed mélodique et le second moins typé, est plus axé sur la rythmique que sur la vitesse. Tous deux contiennent un bon solo de guitare au 2/3 de la piste. Ils ne seront pas les seuls, un peu plus de fantaisie à ce niveau aurait été bienvenue. « Bad Dreams » et « No Matter what » sont moins portés sur la mélodie, plus hard de nature. L’instrumental qui les sépare est par contre vraiment dispensable. « As The Rain Falls » fait un peu penser à Masterplan, la mélodie est imparable.
Dans la deuxième moitié de l’album, Sandalinas varie toujours autant les compositions, et s’il n’y a pas grand-chose à jeter, ce n’est pas non plus l’orgasme inoubliable. « Double Cross », qui comprend un solo de Chris Caffery, réaccélère le rythme et évoque les cavalcades de Iron Maiden, en plus soft cependant. « The Wrong Side of Me » rappelle encore Masterplan ; c’est du bon, entraînant à souhait, mais la guitare solo semble trop en retrait. « Shadows of the Rain » sur un fond de guitare acoustique nous plante une rythmique bien lourde, pesante, lente, qui ne manque pas d’émotion mais dont l’envolée finale se fait attendre, en vain.
Rien à jeter, oui, mais souvent un petit goût de trop peu. Heureusement, les bougres ont gardé le meilleur pour la fin (ou la faim). « The Healer Talks » débute calmement, mid-tempo de batterie, quelques notes de guitare, c’est presque dansant. Le groove et la voix de Rick évoque alors un David Coverdale un peu endormi. On se croit parti pour une petite ballade sympa, mais après exactement une minute et quarante-sept secondes, Rick et Jordi décident de se lâcher enfin un peu. C’est toujours proche de Whitesnake, mais au niveau supérieur. C’est peut-être dans ce morceau que, sans démonstration excessive et accompagné par Andy La Rocque, Sandalinas nous montre le mieux ses talents de virtuose du manche.
Puis vient la dernière plage, où l’on retrouve Derek Sherininan de Dream Theater aux claviers. C’est une perle, un slow majestueux pétri d’émotion. La voix de Rick y est d’une sensiblité extrême, tout est en puissance contenue... Effet chair de poule garanti !
Dans l’ensemble, Fly To The sun est un bon album, auquel il faut accorder quelques écoutes pour le pénétrer, mais un album qui ne va pas révolutionner le genre. Ils ont le sens du riff et de la mélodie, savent varier les plaisirs, ne mettent ni les claviers ni leur prodige trop en avant. Le troisième devra être décisif s’ils veulent passer à la division supérieure. La recette pour y arriver est simple, tenter de moins appliquer celles des autres et se lâcher un peu plus.