Une chose est sûre, les grandes découvertes musicales se font parfois grâce aux petits labels qui, par un travail de fourmi, se chargent de débusquer et de faire découvrir de grands groupes, qui n'auraient malheureusement et sans doute connu qu'un avenir confidentiel sans leur aide. C'est le cas du label français Longfellow Deeds (The Last Embrace, Rite…) qui voilà quelques années a misé sur Honcho, formation norvégienne, qui en 2004 sortait son second opus au titre paradoxal. Et si en 2002 leur premier album 'Corporate Rock' avait suscité un engouement plus que louable, l'encensement pour "Burning In Water, Drowning In Fire" deux ans plus tard fut unanime.
Il faut dire que ce dernier coffret des scandinaves a tout pour figurer dans une anthologie du rock. Derrière un stoner direct et sans fioritures, se découvre un psychédélisme seventies nappé de guitares haletantes, d'orgues hammond et de teintes bluesy. L'ombre de leurs influences musicales n'est d'ailleurs jamais bien loin. Black Sabbath, Led Zeppelin, Kyuss et Soundgarden mais aussi des bluesmen tels que Howlin' Wolf ou Muddy Waters peuvent quelque part être accusés d'avoir participé involontairement de ce génial médiocricide.
Le changement au niveau du line-up aura également sa part de responsabilité. Outre le départ du guitariste Jørgen Berggraf remplacé par Rino Bambino, Honcho s'est adjoint les services du finlandais Lars "Eikind" Erik Si (Winds, Age Of Silence, Before The Dawn) qui assure, de sa voix légèrement cassée, son rôle de frontman à la mesure que lui demandait un album de cet acabit.
Place maintenant aux vrombissements des cordes, aux fûts surchauffés mis en lumière par le chant racé d'Eikind. Honcho pratiquait à ses débuts un stoner plutôt conventionnel mais diablement efficace, aux riffs bétonnés et à l'ambiance underground. Désormais, et même si force est de constater qu'une culture du rentre-dedans est toujours d'actualité sur certains titres ("Some Say", "Falling Behind", "Lost And There" et son final au psychédélisme quasi-cosmique) dont les changements de rythme des guitares amènent à des mouvements lourds et pesants ou au contraire à des passages plus effrénés, le souhait affiché du groupe d'aborder leur musique par une approche plus complexe du genre est clairement mis en valeur sur le milieu de l'album. Ainsi le chapelet composé de "Hangover Blues", "Through", "Silly" et "Holy" prend manifestement le partie d'une nuance en "trompe l'œil", vers une douceur cuivrée qui augure à tort d'un calme contemplatif, les tempos fiévreux des guitares finissant inexorablement par refaire surface.
Honcho nous offre bien avec "Burning In Water, Drowning In Fire" une parure avec ses neufs diamants, un album au feeling éclatant et d'une classe peu commune. Le son brut apporte, pour sa part, une certaine spontanéité à l'ensemble. Autant de raisons pour ne pas passer à côté de cette bombe rock.