Alors ça, c’est Music Waves, alias MW, le super-site sur la music prog dont je t’ai parlé ... pas mal, hein ? Quoi ? Ils n’ont “même pas” chroniqué “We Can’t Dance” de Genesis, plus de 15 ans après sa sortie ? Ouais, bon, remarque, à part le fait qu’il a été l’album le plus vendu du groupe, y’a pas grand’chose à en dire, hein ? A part I Can’t Dance, qui a retenu un titre de ce disque ?! Allez, je vais te l'écriire, cette chro, ça va être vite fait ...
Ça commence par un hit, No son of mine, Collins très en avant, un titre qu’il a dû très probablement inspirer mais qui a été très réarrangé par les deux autres compères ; easy-listening, très bien fait - 20 ans de vie commune, on sait comment faire ... Avec Jesus He Knows Me, qu’on entend encore sur les radios (tiens, plus souvent que I Can’t Dance, comme quoi ...), on se retrouve dans la veine de Illegal Alien, mais en plus arrondi, avec des paroles rigolotes, un titre très réussi bien que hors de l’ambiance habituelle du groupe (poésie, éther, synthés à rallonge et tout ça : en gros, c’est pas prog mais ça fait quand même du bien !).
Driving the last Spike renoue avec la tradition des morceaux épiques de Genesis. Là, c’est vraiment prog, avec une évolution du thème primitif et une ambiance rêveuse très cohérente. Même si les grandes envolées ne sont pas au rendez-vous, (pas de grand solo de clavier par exemple), reconnais qu’il y a quand même un quelque chose dans l’atmosphère du titre - et les percussions y sont pour beaucoup : le groupe a réussi ici une sorte de synthèse entre Tonight, Tonight, Tonight et Mad Man Moon, tu trouves pas ? Ah, bon, j’exagère un peu, ok, ok ... n’empêche, avec un gros démarrage instrumental en plus et des voix un peu plus travaillées (aucune tierce vocale mise en place sur ce morceau, pourtant il y avait la place), je suis sûr qu’ils tenaient un big big titre.
Ah, I can’t Dance ... le prototype du titre que les Amateurs de la Génèse, les vrais d’origine, veulent massacrer ! Trop commercial, pas de mélodie, pas d’accompagnement, des vocaux indigents ... bon, je fais comme tous les fans du vrai Genesis, à la trappe au bout de 20 secondes, insauvable. Sans autre commentaire pour ne pas être désagréable.
Never a Time, ça sent l’idée Rutherfordienne à plein nez, on en a eu quelques-unes comme ça depuis “Wind and Wuthering”, elles se ressemblent toutes, remises à la sauce Collins, c’est bien en fond musical, ce n’est pas ce que je recherche perso dans les productions du groupe. Dreaming While You Sleep est différent, sauvé par l’ampleur de son orchestration sur le refrain, mais finalement c’est un titre qui n’a pas grand’chose à dire malgré ses 7 minutes. Tell me Why est un agréable FM intermède en mineur, pas original mais honorablement composé.
Avec Living Forever, on touche une ambiance inédite chez Genesis, avec une basse très présente et inventive, des percussions évolutives et surtout un instrumental final très prenant, excellement orchestré : une des bonnes surprises de ce CD, tu vois qu’il y a quand même des choses à prendre dans ce “We Can’t Dance” !
Retour au calme éthéré avec Hold on My Heart, je passe, encore très agréable mais mineur (on a entendu des choses très proches avec Mike and the Mechanics : Stop Baby par exemple). Way of the World, avec sa rythmique sympathique, son refrain entraînant, et son solo planant nous ramène vers la face FM agréable du groupe, je dirai que c’est un bon produit, ça veut tout dire. Juste un mot sur Since I Lost You qui suit, c’est de la soupe, et en fin de repas, c’est indigeste.
Avec Fading Lights, le trio a voulu réconcilier son fan-club ancien avec les nouvelles productions : c’est très astucieusement fichu, l’utilisation de la voix de Collins dans son meilleur registre sur une entame très planante, un je-ne -sais-quoi qui fait pressentir une belle ampleur dans le titre, l’entrée de la guitare puis des percussions avant le démarrage d’une orchestration plus fournie, la patte de Tony Banks intensément présente, un énorme instrumental en milieu de morceau avant le retour au thème initial ... le titre que les amateurs de la première heure attendent. L’ambiance restant quand même bloquée quelque part du côté d’"Abacab" (Steve Hackett, où es-tu ?), il manque le coté féérique qui marquait les productions des années d’or. Mais je ne vais pas trop chipoter, Fading Lights en final d’un album de Genesis, ça a quand même de la gueule !
Ah, ben, finalement, tu vois, y’en avait des choses à dire sur cet album “tant décrié”, comme disent les critiques ! Au total, un opus qui cherche à concilier l’inconciliable : le prog pur et dur (Fading Lights), l’épique (Driving the Last Spike), un paquet de titres FM (Way of the World, No Son of Mine ou Jesus..., entre autres) et le racoleur (I Can’t Dance). A vouloir trop mélanger les genres, on obtient un objet hybride qui ne plaira jamais complètement à tous les publics : agréable à écouter, envoûtant quelquefois, exaspérant par certains côtés ... Mais comment noter un album comme ça ? Allez, la moyenne, ça satisfera tout le monde et ça fait l’équilibre entre le bon et l’exécrable ....