ARTISTE:

KRAMER

(HOLLANDE)
TITRE:

LIFE CYCLE

(2007)
LABEL:

AUTOPRODUCTION

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
Concept-album, Neo
""
ABADDON (17.03.2008)  
3/5
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Je n’aime pas beaucoup le terme de “néo-progressif”, pourtant consacré par l’usage. Au sens premier, le “néo” est un mouvement né dans la fin des années 80 et annonçant le retour d’une certaine forme de musique progressive. Le rock progressif, après avoir été roi vers 1975-80 (des groupes comme le Floyd, Genesis ou ELP étaient alors dans le peloton de tête des ventes et régulièrement diffusés sur les ondes radiophoniques), a été supplanté par la vague punk. Les radios hésitaient de plus à passer des titres à rallonge, peu adaptés à un format commercial. Le rock progressif a donc, chers lecteurs, failli disparaître à l’orée des années 80. Mais (heureusement pour les amateurs) il a renaqui - non , il est René - flûte - bon, il est réapparu grâce principalement à la popularité de Marillion, qui a su allier la complexité des compositions avec une concision plus aboutie, tout en réutilisant les ingrédients sonores de la pop et d’autres cultures. Ce mouvement est donc le néo-progressisme. Mais l’usage a associé à ce terme une certaine catégorie de musique caractérisée par la prééminence des mélodies sur les sons, et largement appuyée sur des claviers très sophistiqués et utilisés préférentiellement en accords. Des formations comme Pendragon ou IQ sont en ce sens considérés comme des prototypes de groupes néo-prog, mais il y a en vérité une confusion de termes quand on enferme le mouvement néoprogressiste dans un style de musique. Cependant on n’a aucun terme plus approprié pour désigner ce “secteur” de la musique progressive, souvent opposé au métal progressif (et pourtant la frontière peut être mince entre les deux styles, voyez Riverside ...).

Bon. Tout ça pour dire que Kramer est un groupe néerlandais que l’on classera dans ce qu’il est convenu d’appeler le néo-progressif. Et effectivement, nous avons affaire à un groupe qui met clairement l’accent sur les mélodies, ce qui est ma foi fort agréable à l’écoute. Un groupe qui d’évidence ne joue pas sur les contrastes - pas de lourde rythmique à la guitare, pas de démonstrations envahissantes à la batterie - mais plus sur l’harmonie d’ensemble. De ce point de vue, Life Cycle est incontestablement une réussite. Même si le concept sous-tendant l’album est délicat à saisir (le bilan d’une vie : ne renoncez jamais à vos idéaux), il existe un fil conducteur musical (le thème d’entrée de Homecoming, retrouvé dans Escape into a Dream et Life Cycle) assurant une bonne continuité d’ensemble. Vous entendrez de jolies mélodies (Identity, We Mortals), une bonne variété dans les morceaux, de la classique ouverture de Escape ... au début plus rock de A Farewell, en passant par des passages plus “symphoniques” dans l'excellent We Mortals, jusqu’au final très néo de Life Cycle. Le plaisir d’écoute est donc au rendez-vous sur ce Life Cycle, et ce n’est pas le moins important.

Évidemment, les adversaires du genre pourront s’en donner à cœur joie sur ce produit bien typé néo. La difficulté dans ce style, c’est de se différencier des canons du genre. Et comme ce genre est assez fermé (ou plutôt comme d’aucuns ont enfermé le néo dans un style archétypal), il est toujours tentant de s’adonner au jeu des ressemblances : vous retrouverez donc à l’écoute des allusions à IQ (Remember Me), à Pallas (l’énergie de A Farewell), à No Name (Homecoming), à Strangefish (Identity), voire à Ricocher, autre groupe néerlandais (Escape into a Dream). D’ici à penser que le néo recycle les mêmes recettes, la tentation est grande, mais Kramer échappe à cet écueil par une formation assez originale, avec un pianiste “pur” (Marc Besselink) en plus d’un trio, Rob de Jong tenant les autres claviers et la guitare. Le piano est donc en vedette tout au long de l’album, ce qui ne renouvelle pas les lois du genre mais apporte une touche un peu à part et tout à fait bienvenue.

Côté défauts réels, il faudra un jour que le néo en particulier et le prog en général se débarrassent des intros parlées, sensées donner du sens au concept, et qui parasitent inutilement la musique (Life Cycle, Remember Me). Et puis, dans le solo assez vide de The Final Chord, la guitare est curieusement placée très en arrière des claviers, ce qui ne rend pas le propos très lisible, et la batterie est nettement hors-temps à quelques reprises, ce qui est pour le moins surprenant.

Il est vrai que ces imperfections restent des petits détails pour ce Life Cycle sans surprise, mais bien agréable à l’écoute. Kramer ne révolutionne pas le genre mais livre un premier album tout à fait honorable, bien à l’aise dans son néo-prog. Avis aux amateurs !


Plus d'information sur http://www.kramer-music.nl



GROUPES PROCHES:
PALLAS, STRANGEFISH, RICOCHER, IQ, NO NAME


LISTE DES PISTES:
01. Homecoming - 07:11
02. Remember Me - 07:16
03. Identity - 08:09
04. Escape into a Dream - 08:36
05. A Farewell - 07:28
06. We Mortals - 11:24
07. I Believe - 04:57
08. The Final Chord - 09:22
09. Life Cycle - 06:37

FORMATION:
Harald Veenker: Chant / Batterie
Jeroen Vriend: Chant / Basse
Marc Besselink: Chant / Piano
Rob de Jong: Chant / Guitares / Claviers
   
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