Il y en aura toujours qui vous diront que Black Sabbath est mort avec le départ d’Ozzy Osbourne… Que la recette d’avant n’a jamais été égalée, à savoir des riffs lourds, une rythmique plombée et une voix torturée entonnant des textes d’un noir d’ébène… Que l'atmosphère pesante, dark, doom et glauque des premiers albums a disparu pour l’éternité… Et pourtant...
A l’aube des 80’s, malmené par l’explosion Punk et dans la ligne de mire des princes de la NWOBHM (Maiden, Saxon, Def Lep…) prêts à l’achever, sans compter le tonitruant début de carrière solo d’Ozzy, Black Sabbath est dans une spirale infernale. Jusqu’à Sabotage, tous les albums avaient été certifiés au moins une fois disque de platine à la fois aux US et en Grande Bretagne (12 fois pour Paranoid, 5 fois pour Master of Reality). Or, depuis ces coups de maître, c’est la baisse des ventes et en l’an 1976 où sort Technical Ecstasy, le groupe n'obtient plus que de l’or sur le marché américain…
Puis est arrivé Ronnie James Dio... Heaven & Hell déferle alors dans les bacs, coincé entre le Tomcattin de Blackfoot et le Cultusaurus Erectus de Blue Oyster Cult. Dio, la voix d’or de Rainbow, son chant puissant, lyrique et technique participe grandement au virage stylistique des anciens compères d’Ozzy. Les puristes renâclent, mais les foules drainées par le torrent NWOBHM adhèrent. La musique délivrée est désormais puissante et épique et Dio, qui est chargé des paroles, purifie et clarifie le chant qui y est apposé. Les chansons sont désormais entraînantes et facilement mémorisables.
Nombreux seront ceux qui resteront sans voix devant l'entrée en matière de Die Young et de Neon Knights avec leurs mélodies et leurs soli dévastateurs, à l'écoute des magnifiques couplets acoustiques de Children of the Sea mais également de son solo fantastique, exécuté sur fond de chœurs planants… Et comment oublier les soli d’un autre monde de Lonely is the World et la voix qui sait se faire fragile lors des moments calmes de cette bombe…
Non, Black Sabbath n’est pas mort avec le départ du Madman, ou alors pour renaître de ses cendres, sous la forme d’un dragon méphitique Regardez bien ses mains crochues et vous distinguerez le signe de ralliement. A travers les âges et les formes musicales diverses du monde du rock, il a survécu et il est encore largement présent de nos jours… C’est un signe.