Gypsy Pistoleros, un nom à consonance hispano-anglaise pour brouiller les pistes, est en fait une formation britannique à qui un long séjour sur le territoire espagnol a laissé beaucoup d’empreintes. Le soleil, les palmiers, les plages sont des atouts fort intéressants dont l’Espagne dispose, jusqu’à en faire une destination fort prisée pour les vacances. Mais ne nous éloignons pas trop du sujet, même si le contexte évoqué n’est finalement pas si étranger aux joutes musicales proposées par ce groupe.
Effectivement, le nom choisi par ce quatuor permet déjà de mettre en évidence un soucis de brassage au niveau de la langue choisie afin d’honorer le contenu de "Para Siempre". Le plus fort, c’est que les 13 titres sont imprégnés de cette fusion, avec des refrains shakespeariens et des couplets ibériques. Le résultat, tout en étant assez surprenant au départ, apporte une touche exotique et finalement agréable. Nos quatre joyeux drilles se permettent d’ajouter une part de la culture espagnole en distillant leur rock à tendance glam/sleaze tour à tour teinté de sonorités mexicaines et flamenco.
Ils ne font pas dans la demi-mesure pour proposer cet univers punchy et ensoleillé. Imaginez un instant les Ramones croisant le fer avec Los Lobos. Surprenant au premier chef, mais tellement bien ficelé que cette mixture en devient vite charmante et enjôleuse. Ce métissage est le résultat de la collaboration de musiciens talentueux et inventifs, qui parviennent à mélanger des genres opposés en les rendant complémentaires, donc très efficaces. Tracii Guns ne s’est pas trompé en tarissant d’éloge cette formation colorée et pleine d’entrain.
Iggie, le guitariste, tient le haut du pavé en maniant habillement la sacro-sainte trilogie d’accords rock’n’roll toujours pillée mais jamais épuisée. Ses soli mélodiques et hispanisants garantissent aux compositions une assise solide et entraînante, qui fidélisera davantage au fil des écoutes. Pour renforcer cet univers éclectique, le duo rythmique sait aussi s’enflammer pour soutenir un chanteur dynamique et très en phase avec son groupe. Sa tessiture n’est pas sans rappeler le Vince Neil des débuts.
D’ailleurs, la similitude avec le premier album de Motley Crüe ne s’arrête pas seulement à la voix de Lee J, mais aussi par son aspect fonceur et insouciant. Ces "gringos locos" bardés de tatouages et prônant fièrement des gestes obscènes ne font que galvaniser encore un peu le feeling purement "rock attitude" que leur glorieux aînés ont déjà étalé à la face du monde. Pour pousser l’insolence encore un peu plus loin, Gypsy Pistoleros se permet même de diaboliser "Living la vida loca", un titre du latino lover Ricky Martin.
Finalement, "Para Siempre" s’avère comme un album intéressant et bien plaisant à écouter, surtout dans des circonstances festives où l’eau de feu de Lynchburg trinque avec une tequila bien frappée. Si un petit coup de blues passager vient vous embrumer l’esprit, n’hésitez pas à vous procurer "Para Siempre". Poussez vos meubles, invitez des potes et laissez opérer la magie Gypsy Pistoleros. Vous ne vous en sentirez que mieux.