Mettez vos pantalons à pâtes d’ef, vos petites lunettes à la John Lennon, faites vous pousser les cheveux, mettez des tongues et allongez-vous dans l’herbe : avec tout ça, vous aurez la dégaine adéquate pour écouter le contenu musical développé par ‘Octopus Syng’.
‘Octopus Syng’, c’est en fait le groupe d’un seul homme : Jaire Pätäri, multi-instrumentiste finlandais qui signe ici, après quelques EP, le deuxième album sous cette étiquette. Jaire assure donc tous les instruments mais invite quelques intervenants pour assurer les chœurs et des parties de claviers.
Sur tout l’album, intitulé ‘Birds of Morning are Never Late’, Jaire développe une pop folk à forte (très forte) tendance hippie, coincée entre sixties et seventies : le son est particulièrement typé vintage, et notamment la batterie qui adopte des sonorités un peu graves et sourdes, typiques de cette période. La recette employée ici utilise les ingrédients suivants : des guitares folks, beaucoup de sons clairs, un soupçon d’overdrive, des ambiances travaillées, des chœurs, un lead vocal murmuré, un son sixties et quelques éléments exotiques.
Une première partie des titres se construisent autour d’arpèges folks. C’est ainsi que l’album démarre sur ‘Just a littlebit trials’ avec des rythmiques folks très douces avant de glisser sur des mélodies un peu sirupeuses sur lesquelles viennent s’ajouter des petits sons de cloches et des chœurs renforçant l’aspect aérien du morceau. ‘Highways’ est un titre très lent, empruntant également des arpèges en son clair qui se mêlent parfaitement à la ligne de basse. ‘Life is so simple’ met aussi l’accent sur les ambiances fondées sur des arpèges.
D’autres titres sont beaucoup plus aériens : c’est le cas de ‘A big old white spanish manor house’ dont les lignes vocales sont tellement chuchotées qu’on entend même les bruits de bouche en intro, ce qui est dommage car le refrain mélancolique est très joli. ‘Rose red telephone in 1969’ est très court, c’est en fait un petit interlude ambiant. ‘I feel your reverbs’ prend quant à lui des airs de ‘Lou Reed’ avec sa petite mélodie au slide (rappelant ‘Walk on the wild side’). ‘Let the warmth of our summer last long’ clôture l’album de manière tout aussi aérienne (notez que Jaire a un sérieux penchant pour les titres à rallonge).
Une dernière partie des titres proposent une déclinaison un peu plus ‘solide’ de cette folk, en y adjoignant une plus forte dose d’électricité et d’overdrive crunchy. C’est ainsi que les morceaux ‘Festivals of twilight’ et ‘One brunette girl’ introduisent des passages crunchy, ce dernier s’orientant dans des ambiances plus joyeuses que la tonalité générale mélancolique de l’album. ‘Square tragedy’ nous dévoile même un rythme tribal agrémenté d’un petit solo aérien. ‘Bright trees and symbolic keys’ est finalement le titre le plus énergique avec également un rythme tribal et une rythmique crunchy très entraînante. Il y a même un passage très sympa à la basse et un solo de gratte dans un esprit résolument psyché.
Le tout se laisse écouter très facilement et respecte complètement le cahier des charges du style… On y retrouvera des influences telles que Syd Barret, Neil Young, The Doors… Les chansons sont bien construites, avec le souci de créer des ambiances zen, reposantes, plutôt mélancoliques. Les chœurs sont très présents, ce qui renforce l’aspect vintage de cette musique.
Le principal point négatif de cet album, c’est le chant : Jaire veut tout faire mais on ne peut pas exceller partout… Le chant est effectivement plat, de l’ordre du murmure à multiples endroits et pas toujours très juste, l’abus d’écho ou de réverb accentuant ce défaut. Les lignes vocales manquent aussi de hauteur et de relief et c’est bien dommage car cela aurait pu enrichir le propos musical.
Au final, nous avons là un bon album pour les après-midi de repos. Les adeptes du style devraient ainsi y trouver largement leur compte avec le respect des bonnes recettes du genre (adaptées de quelques légères variations tout au long de l’album avec un dosage plus ou moins important de composantes électriques).