Deliver Us est déjà le cinquième album des américains de Darkest Hour en à peine sept ans. Il faut rappeler que le groupe s’est formé en 1995 autour d’un line up assez différent du line up actuel, et que c’est en 2000 que sort leur véritable premier album, suite à la signature d’un contrat avec le label MIA.
Depuis So Sedated, So Secure sorti en 2001 chez Victory record, Darkest Hour est passé d’un rock métal à un hardcore métal influencé à la fois par le hardcore américain et le death mélodique suédois. Ce mélange a donné naissance au terme « metalcore », genre très prisé aux Etats-Unis depuis quelques années avec en tête de liste des groupes comme At the gates, Dark Tranquility ou In Flames ou encore Earth Crisis pour l’aspect hardcore.
Et dans le genre cette formation a sorti quelques bons albums comme « Undoing Ruin » apparu en 2005. Malheureusement depuis quelques temps le genre a tendance à tourner en rond, les groupes se multipliant au détriment de la qualité musicale. Et même les références du genre commencent à stagner dans un style musical finalement assez étroit et relativement peu inventif tel Killswitch Engage qui, de leader du genre, est passé à très grosse déception.
La question qui se pose donc à la découverte de ce Deliver us est de savoir si Darkest Hour va résister à la débâcle que subit ce genre vite passé de mode.
Et la réponse est assez mitigée, car à l’écoute de l’album on se rend compte rapidement que le groupe a du mal à digérer ses récents succès. Si la recette est la même, le résultat s’avère assez décevant malgré une certaine qualité qui place le groupe largement au dessus de bien des formations de metalcore pullulant dans le milieu.
Le problème principal de ce « Deliver Us » semble provenir du son assez mou et manquant cruellement de puissance, désavantage évident dans ce genre musical. Seul le chant si particulier de John Henry parvient à garder sa force et sa hargne entre brutalité et mélodie. Au-delà de ce constat peu engageant, il reste quand même de très bonnes choses sur cet album. Le groupe garde tout d’abord une certaine qualité de compositions. Le titre d’ouverture, « Doomsayer (the begining of the end) » frappe en effet très fort en suivant à la lettre les canons du genre à savoir une voix tranchante, des guitares aiguisées mais mélodiques et un solo de grande classe. Cette impression dure encore un peu avec le titre suivant, « Sanctuary », plus banal mais très efficace, notamment grâce au chant bien varié. Il est alors dommage que la machine à tube s’essouffle dès le morceau suivant, très bateau, pour ne retrouver sa verve qu’en fin d’album. « A paradox with flies » ou « An Ethereal drain » s’avèrent ainsi très poussives et bien en deçà des qualités que l’on peut retrouver sur les deux derniers titres que sont « Full imperial collapse » nettement plus incisif et qui frappe enfin juste et fort et « Deliver Us » qui clôture l’album de belle manière en mêlant enfin habilement ce qui fait la force du death mélodique et celle du hardcore.
Darkest Hour nous propose donc un disque passable et probablement le plus faible de sa carrière. A l’image de la scène metalcore, l’inspiration semble avoir quitté les lieux. Espérons que ce passage à vide sera de courte durée et que Darkest Hour retrouvera la fougue qui le caractérisait.