Qu’on se le dise : Saxon n’est pas mort ! Et si Biff et sa bande pouvaient donner une légère impression de vieillissement sur leurs deux précédents albums, "Lionheart" vient remettre les pendules à l’heure.
Dès les premières secondes de 'Witchfinder General', le décor est planté : de la double pédale à gogo, une basse percutante, des guitares tranchantes comme des lames de rasoirs et un Biff au sommet de son art vocal. Pour cette entreprise visant à marquer leur retour en force, Saxon s'est adjoint les services de Charlie Bauerfeind derrière les manettes. Déjà présent sur l’album "Metalhead", le producteur allemand réputé pour ses nombreuses références metal, réussit à ajouter le dynamisme qui lui manquait. L’autre recrue de cette dream-team est le batteur Jörg Michael. Le bûcheron habituel d’un Stratovarius en pleine déconfiture et en proie aux problèmes psychologiques de son leader Timo Tolkki, a été débauché pour combler son temps libre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en profite pour se lâcher, car même s’il ne s’agit pas là de son style de prédilection, il apporte une puissance supplémentaire au gang britannique.
Quant aux 4 compères, ils profitent de ce coup de main pour nous servir une performance que nous n’espérions presque plus, à l’image d’un Biff déchaîné dont la performance sur le titre d’ouverture devrait servir de référence, de par sa puissance et sa variété. Si la complémentarité et l’efficacité du duo Quinn – Scarratt n’est pas une nouveauté, elle profite cependant de cette nouvelle donne pour prendre plus d’ampleur. Enfin, l’importance jouée par l’arrivée de Nibbs Carter ne sera peut-être jamais reconnue à sa juste valeur, et pourtant elle est indéniable. Son enthousiasme, sa spontanéité et son dynamisme jumelés à ses qualités techniques sont encore plus visibles en live, mais restent bien présentes sur les albums studios, surtout lorsque la production est à la hauteur comme c’est ici le cas.
Mais revenons-en aux 11 titres qui se cachent derrière cette pochette où Saxon nous offre un blason mettant à l’honneur les 3 pays les plus importants de son existence. Les lions de son Angleterre natale, le lys de la France où certains de ses membres, dont son leader, sont venus s’installer et l’aigle d’une Allemagne qui héberge sa maison de disque et toute une partie de son staff. En fait de 11 titres, ce sont 9 morceaux et 2 interludes qui nous sont offerts. 'The Return' vient introduire 'Lionheart' qui n’est pas sans rappeler le légendaire 'Crusader' et dont le refrain vous hante longtemps après son écoute. Quant au court et acoustique 'Jack Tars, il vient préparer le terrain pour un redoutable 'English Man’O’War' au tempo soutenu et à la structure classique. Ce titre est d’ailleurs rejoint dans cette catégorie par le single 'Beyond The Grave' dont l’intro faussement douce débouche sur un de ces riffs dont Paul Quinn a le secret.
"Lionheart" vient donc nous rappeler avec force que Saxon n’a pas l’intention de ralentir le rythme et de capitaliser sur son glorieux passé. Contrairement à certains de ses contemporains, Saxon n’a jamais cessé de tourner et de produire de nouveaux albums, et si tous n’ont pas toujours eu le niveau de ce formidable "Lionheart", ils ont au moins eu le mérite d’apporter la preuve de l’honnêteté et de l’indestructible enthousiasme de ce groupe qui nous fait partager sa passion depuis plus de 25 ans.