Robin Taylor, véritable homme orchestre danois, a créé Taylor’s universe en 1994, avec ses comparses Vogel (saxo) et Grosell (batterie) (reconnaissons un certain humour dans le choix de ses camarades de jeux…). Cette fois-ci, c’est sous le nom complet de ‘’Taylor’s universe with Denner‘’ que sort ce nouvel opus. En effet, le guitariste danois Michael Denner est partie prenante dans cet album. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce dernier a fait partie de Mercyful Fate et King Diamond, entre autres. Un apport clairement Heavy Metal dans un univers plutôt prog/expérimental. Que peut bien donner cet alliage de métaux danois ?
« Tag Attack » qui ouvre cet album, nous laisse sur une double impression de déjà-vu. Une intro à la « Wathcher of the skies » puis une rythmique à la « Super’s Ready - Apocalypse in 9/8 » font ressurgir les années Foxtrot de Genesis avec force. Mais rapidement, on s’éloigne de cet imposant modèle pour aller vers du plus classique, avec guitare saturée et saxo. La guitare de Michael Denner est là, c’est une évidence, et plutôt en symbiose avec le style. Le morceau est coupé littéralement en 2, avec un deuxième thème, sans rapport avec le premier, plus calme, avec une batterie un peu cheap.
« Step Aside », lui, démarre d’entrée avec solo de guitare sur assise basse-batterie simple et efficace. Rien de bien nouveau, et rien qui donne envie d’y revenir. Le faire n’y change rien. On sent déjà que le côté instrumental va nous peser. C’est l’écueil des disques instrumentaux, il est plus difficile de garder l’attention de l’auditeur. C’est le cas ici. Rien de mauvais dans ce morceau, mais rien qui fasse qu’on pense le contraire.
Le problème de cet ouvrage commence alors. Les titres qui suivent n’ont plus beaucoup de saveur. Les ambiances sont certes bien créées, bien imaginées ou bien jouées, mais rien concernant l’émotion. Les morceaux s’enchaînent sans réveiller l’auditeur, sans lui dire quoi que ce soit qui le fasse sortir de sa léthargie. Non pas que les musiciens soient sans talent, mais la musique ne véhiculant pas le moindre message, au sens le plus large du terme, on ne voit pas ou veut en venir Robin Taylor. On notera que 2 chanteuses participent à cet album, mais qu’elles ont un apport de type instrumental, d’où un crédit à ‘voix’ et non à ‘chant’. Le CD se clôt sur le titre « Aspx », qui est le long développement d’un thème qui n’est pas sans rappeler un certain Steve Hackett, mais malheureusement sans les surprises que le guitariste à la Gibson sait nous proposer. La fin est un peu gâchée, qui plus est, par une ambiance à la limite du silence absolu (un fading sur plus de deux minutes) dont on ne saisit pas l’intérêt.
Les musiciens de ce groupe danois ne sont pas dénués de talent, loin de là même, mais ce qu’ils nous proposent ne repose sur aucun tissus d’émotion et nous ennuie rapidement. L’absence de chant est prépondérante dans cette impression. Une intervention instrumentale dans un morceau chanté est différente d’un morceau instrumental, et c’est ici un rien pesant.