Deux ans après leur album éponyme, les texans de King’s X reviennent avec "Dogman", un album qui va marquer définitivement une rupture avec le reste de leur discographie. En effet, en cette année 1994, c’est dans une nouvelle direction que va désormais aller le groupe, celle d’une musique plus abrasive et directe commune au grunge, même si "Dogman" ne se résume pas à cette seule caractéristique.
L'album démarre sur le morceau éponyme qui donne instantanément le ton de l’album et va imposer un rythme haletant tout au long des treize titres du disque. Le son est brut mais agrémenté d’une forte touche de modernité qui le différencie du Grunge. L’accordage de Ty Tabor est très bas pour renforcer cette sensation de lourdeur. Associé à la basse énorme et saturée de Doug Pinnick c’est un véritable mur de son qui se propage… La batterie de Jerry Gaskill est aride et il use et abuse de cymbales cristallines qui viennent faire exploser chaque mesure de la partition.
Les musiciens de King's X possèdent une maîtrise technique irréprochable de leur instrument respectif. Même si les morceaux paraissent plus simplistes que sur les précédents albums, la mise en place est millimétrée et les riffs de guitare sont loin d’être rudimentaires tant au niveau rythmique qu’au niveau du toucher. Ty Tabor se permet quelques soli bien sentis notamment au milieu des morceaux les plus lents ('Flies and Blue Skies', 'Sunshine Rain'). En outre, au delà d’une lumineuse inspiration, un gros travail a été fait sur le chant. Au frontman Doug Pinnick viennent s’ajouter la richesse des voix des deux autres musiciens. Le dosage des harmonies vocales est exceptionnel autant dans les morceaux musclés ('Complain', 'Pillow' ou 'Shoes') que pour sur balades ('Sunshine Rain' ou 'Cigarettes'). Hormis le concentré d’énergie de la courte interlude 'Go To Hell' sans grand intérêt, il n’y a rien à jeter dans cet album. Les trois américains nous gratifient même d’une reprise très rythmée de Jimi Hendrix : 'Manic Depression' dans laquelle la parenté entre la voix de Jimi et celle de Doug est troublante.
Plus de quinze ans après sa sortie, "Dogman" n’a pas pris une ride tant au niveau de la production que de l’énergie transmise. Le style et l’atmosphère de cet album sont uniques dans la carrière de ce groupe de génie. C’est l’album des paradoxes, la noirceur côtoyant la mélodie, et celui de la rupture avec l’ancien King’s X. C’est pour cela que cet album provoque autant d’émotions et d’exaltation.