Ksiz, quatre lettres formant un nom et un logo derrière lesquels se profile un tandem de musiciens qui a eu l’envie de se retrouver pour concocter un premier album, "Sandcrawler". Pour être plus précis, car il faut creuser un peu pour en savoir plus, le duo à l’origine de cet album est composé du guitariste Mathieu Spaeter et du batteur Jimmy Pallagrosi. Ces deux musiciens, également amis de longue date, ont un parcours assez similaire quant à l’intérêt qu’ils portent à leurs instruments respectifs. Ils en ont commencé très jeunes l’apprentissage et certainement au prix de pas mal de sacrifices.
Mais la traditionnelle maxime "quand on aime, on ne compte pas" trouve ici une toute sa raison d’être, car ce jeune binôme sait déjà faire preuve d’une certaine notoriété via un projet comme "Oxylum" pour Jimmy et une participation à l’enregistrement de deux productions de la chanteuse lyonnaise Chahla en ce qui concerne Mathieu.
Pour compléter la formation, pas moins de cinq bassistes, deux claviéristes et une violoniste ont participé à la création et l’interprétation de "Sandcrawler". Ksiz prend alors des allures de side-project de haut vol, et c’est effectivement dans cette circonstance qu’il faut appréhender cet album. Les onze titres composant cet opus, à l’exception d’une introduction assez glauque, oeuvrent dans un registre progressif instrumental où se confondent adroitement envolées métalliques et ambiances jazzy au groove évocateur et tapageur.
La six cordes de Mathieu Spaeter apporte aux compositions un ton flamboyant axé sur le métal, avec des riffs lourds et saccadés. Ses soli sont empreints d’une technique redoutable, juxtaposant fluidité et feeling. Ce n’est pas par hasard si Mathieu vient de conclure un endorsement avec la marque de guitare MusicMan (Steve Lukather et Steve Morse sont adeptes de cette marque).
Quant à Jimmy Pallagrosi, sa prestation derrière les fûts est impressionnante. Il allie puissance, technique et finesse au fil des tempos imposés par chaque composition. La comparaison avec Mike Portnoy semble assez inévitable pour l’aspect vigoureux, mais les couleurs plus subtiles que Jimmy sait imprimer aux dix titres de "Sandcrawler" évoquent également Terry Bozzio.
Pour donner le change à Mathieu et Jimmy, la section basse et claviers se compose de musiciens très talentueux, entièrement dignes de figurer à leur côté. Les envolées de quatre cordes sont légions, aussi bien pour assurer en rythmique traditionnelle que pour se métamorphoser en soli techniques et jazzy. Les notes de claviers aériennes et délicates engendrent l’univers progressif cher à Ksiz, mais se mutent également en piano jazz et B3 grandiloquent sous les doigts experts de Fabrice Raboutot et Rémi Plotton. Le violon fait des apparitions remarquées dans la trilogie "The Second World" en procurant aux trois titres qui la compose une atmosphère plus tzigane et orientale.
Ksiz se sent comme un poisson dans l’eau au contact d’un univers changeant et diversifié où l’ouverture en reste le socle principal. Ces musiciens au talent indiscutable ont évité avec une certaine - mais néanmoins bien présente - subtilité les écueils démonstratifs et plutôt ennuyeux que le style peut imposer. Cette production entièrement "Made In France" est digne de figurer dans la discographie de tout amateur de side-project tels que Liquid Tension Experiment ou Planet X. "Sandcrawler" tient la comparaison sans rougir avec les productions de ces groupes composés d’instrumentistes aussi doués que renommés.
Pour un premier essai, "Sandcrawler" se révèle comme un coup de maître. Maintenant, il ne tient qu’à vous de franchir le pas pour vous plonger dans ce climat riche et volubile où la monotonie n’a pas sa place. Notre pays peut se réjouire de détenir avec Kzis un alter-ego de poids face aux productions instrumentales métallo-progressives de tous horizons. D’après Mathieu Spaeter, le second album est prévu pour 2009. En attendant, régalez vous avec "Sandcrawler", car son contenu dispose de suffisamment d’arguments pour tenir en haleine jusqu’à l’an prochain.