En 2004 Stefan Lindholm, guitariste de métier, lança le projet Vindictiv entendant assurer la production, les compositions et bien entendu les parties de guitare.
Un an plus tard, une démo fut mise à la disposition de la presse. Mis en confiance par une critique positive il contacta Goran Edman et débuta l'élaboration du présent album, simplement titré "Vindictiv".
La Suède est un terrain de prédilection pour tout musicien désirant s'engager dans cette voie, et les territoires du nord sont depuis lontemps propices à l'épanouissement du Métal. Ce n'est donc pas un hasard si le choix s'est porté sur Goran Edman, chanteur de grand talent. Sa réputation n'est plus à faire et son investissement dans de nombreuses formations - Kharma, Brazen Abbot, Street Talk ou encore deux des meilleurs albums de Malmsteen (Fire and ice et Eclipse) - font de lui un vétéran de la scène métal et Hard mélodique.
Stefan Lindholm quant à lui déclare avoir été nourri au son de Steve Vaï et Yngwie Malmsteen, et soyons francs, les premieres notes de "Fool's paradise" comme chacune des intros de cet album confirment cette filiation artistique. C'est d'ailleurs une particularité qui divisera probablement les auditeurs. Certes le jeu est reglé comme une horloge Suisse. A l'image du célèbre guitar hero suédois, le toucher est impressionnant de dexterité et de fluidité et la vitesse d'execution est pretexe à impressionner les auditeurs que nous sommes. Cela dit, la folie Malmsteenienne est un peu passée de mode et grand nombre de guitaristes sont aujourd'hui capables de telles prouesses. Lindholm est donc victime de la banalisation du jeu et de l'effet pervers de la mode, la vitesse d'execution et le nombre de soli interminables devenant au fil du temps de plus en plus indigestes.
Les dix pistes qui constituent cet album en font une oeuvre en demi teinte, à mi chemin entre Métal progressif et Heavy mélodique. D'un côté les noms donnés aux compositions sont révélateurs du style pratiqué : "Dreams of a daemon's head", "Hymn to dedemona", "fata morgana" démontrent ostensiblement la direction progressive de Vindictiv. Cependant, le contenu se révèle bien plus nuancé et jongle entre deux genres sans vraiment coller à l'un ou à l'autre.
La voix est ici mise au service du texte. Les paroles sont travaillées, tantôt parlées, tantôt chantées pour susciter une écoute attentive.( Caesar's commentaries ou Royal Loo confirment cette tendance). Certains breaks également, et la structure de la chanson finale Fata morgana, font pencher la balance en faveur du prog.
Les choeurs, trop peu nombreux mais de grande qualité, les duels guitare-clavier que l'on retrouve dans "A quiet life", la mélodie et le format FM de "A second life" mais aussi la durée des titres excèdant rarement les cinq minutes, sont quant à eux plus représentatifs d'un heavy mélodique formaté, structuré et très accessible.
Il faut bien avouer que nous sommes loin du hard Fm pratiqué par les groupes auxquels appartient Goran Edman. Les mélodies sont discrètes, rarement entêtantes, et les refrains se veulent courts, appuyés de choeurs souvent plus réussis que la chanson elle même. L'excellente production et le travail de fond comblent cette superficialité mais ne font pas oublier que le personnage central de l'album, c'est la guitare. A ce titre, Stefan Lindholm impressionne. Mais la qualité de son jeu devrait peut être davantage passer par de belles envolées lyriques plutôt que par d'interminables soli souvent pretextes à la démonstration technique.
Le bonus Japonais contient un titre supplémentaire: la version acoustique de "David's house". L'absence de cette version pour les Européens est préjudiciable car seule une chanson douce ( hymn to desdemona ) apporte un peu de répis à l'album. Et c'est la plus courte de toutes (2:58). De son côté, Goran Edman travaille sur un autre projet, le nouvel album de Jayce Landberg. Gageons qu'il refera parler de lui très prochainement...