Depuis la sortie de Virus Divine il y a un peu plus de trois ans, Ryan Rosoff, le chanteur-guitariste et tête pensante de Little King, a rassemblé une nouvelle équipe de musiciens autour de lui afin de donner vie à son nouveau bébé, Legacy Of Fools. Le précédent album avait été bien accueilli et notamment chez Music Waves. L’influence de Rush était à l’époque déjà bien marquée mais une certaine spontanéité et fraîcheur laissait entrevoir de belles choses concernant Little King.
En 2006 Rosoff a vécu les joies de l’enseignement en tant que professeur d’anglais au lycée, expérience qui va nourrir son inspiration d’auteur. Est-ce que la convergence de toutes ses données vont servir de manière positive la musique de Little King ? La question mérite d’être posée et tentons, dès maintenant, d’apporter quelques éléments de réponse.
Comme le précédent opus, Legacy of Fools est très court (moins de 40 minutes) et de manière général il passe plutôt bien même si on sent que le groupe en a sous le pieds. On regrette quand même le manque de finitions sur la plupart des morceaux.
De bons moments viennent côtoyer d’autres moins surprenants. Le titre « Ninetten Strong » avec son intro guitare acoustique très folk et son passage instrumental représente le meilleur du groupe. « Prodigal Son » serait à l’inverse le côté le moins réussi de Legacy of Fools avec un morceau archi-conventionnel, presque punkisant, sans réelle surprise et même un peu brouillon. Et il en va de même pour le reste de l'album avec du bon et du moins bon, suscitant rarement un enthousiasme démesuré.
Malgré la brièveté des chansons, les texans ont une certaine appétence pour les changements de rythme et d’ambiance (« Collateral Damage ») mais là encore la frustration est grande devant la paresse déployée par le groupe pour construire ses morceaux. Comme on pouvait le craindre l’influence de Rush est encore trop flagrante dans beaucoup de morceaux, et à la différence de Tiles, autre groupe vénérant le trio canadien, Little King a trop de difficulté à s’en départir. Ainsi on retrouve les mêmes petites similitudes parsemées ici ou là comme dans l’instrumental « Internal Smut » ou le plaisant « 202 » et leurs harmoniques naturelles directement inspirées du jeu d’Alex Lifeson ou bien à travers certaines intonations de voix de Rosoff (« Domino »).
Autre point commun avec Rush, le travail des textes pour lequel Ryan Rosoff attache une attention particulière. Nous vous indiquions en introduction que celui-ci avait été très marqué par ses quelques mois d’enseignant. Ainsi les paroles abordent l’importance de la transmission entre générations (« Legacy ») ou les relations à l’intérieur d’une famille (« Prodigal Son »). Il s’est exprimé jusqu’à l’obsession en donnant à un de ses morceaux (« 202 ») le numéro de sa salle de classe. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Au final, Legacy Of Fools peut susciter une certaine déception car Little King n’a pas vraiment évolué depuis Virus Divine. L’album n’est pas mauvais, mais au milieu d’une multitude de sorties de qualité, il est à craindre que Little King ne puisse tirer son épingle du jeu. Tant que Rush restait muet l’illusion pouvait encore passer, mais depuis que celui-ci est revenu avec un excellent album la comparaison est sévère. Cruelle réalité !