En cette année 1981 où sont sortis le Killer d'Iron Maiden, le High’n’ dry de Def Leppard, le Diary of a Madman d’Ozzy , le Moving Pictures de Rush et le Mob Rules de Black Sabbath, il valait mieux ne pas se planter pour rester dans le coup. Les vieux dinosaures que sont UFO avaient encore moins le droit à l’erreur tant les petits nouveaux de la NWOBHM mettaient de l’énergie à s’inviter à la table du gotha du Hard Rock. C’était bien joli d’être cité comme référence par Steve Harris, Kirk Hammett et Dave Mustaine, encore fallait-il marquer les esprits à l’aube de cette nouvelle décennie, juste histoire de montrer que la vieille garde avait encore le feu sacré.
UFO, qui a donc sorti son premier album onze ans plus tôt, a depuis rempli les bacs de sept albums supplémentaires. Schenker a déjà quitté l’aventure avant No Place to Run (album précédant The Wild… ) et même si Paul Chapman l’a remplacé sans dommage, il faut maintenant composer avec le départ de l’homme aux claviers Paul Raymond…Neil Carter est donc recruté pour faire oublier le talentueux claviériste. Ce nouveau pilote de l’équipage de l’Unknown Flying Object débarque de Wild Horses ancien groupe du guitariste Brian Robertson, du bassiste Jimmy Bain et de Franck Noon le premier batteur de Def Leppard (sur leur EP initial). Le talent de cet homme, qui jouait également de la guitare rythmique et du saxophone, a été utilisé sur cet album avec un ensemble à cordes, ce qui a donné emphase et profondeur aux nouvelles compositions.
Ce disque, sorti en pleine vague Pop-Rock en présente également, par petites touches, les stigmates comme sur Couldn't Get It Right par exemple par le son et le rythme de la batterie. La mélodie est enlevée et la guitare très caractéristique d’UFO, que se soit sur la rythmique ou les soli. Ces aspects Pop-Rock apparaissent également sur Lonely Heart, titre bourré de mélodies, de riffs inspirés, de notes de pianos chantantes, d’un passage au sax à tomber et d’une mélopée vocale passionnante. The Wild, the Willing and the Innocent sonne également Pop-Rock, mais dans les chœurs cette fois, la guitare est par contre bien Hard Rock et la mélodie excellente.
It’s Killing me est encore une bombe de mélodies, la basse de Way claque et montre la voie vers un refrain monumental qui n’a pas pris une ride 27 ans après sa création. Profession of violence est une ballade mo-nu-men-ta-le avec un solo magistral très Schenkerien de plus de deux minutes.
Makin’ Moves arrache tout sur son passage, le riff d’entrée est mémorable et les grattes tout du long sont tonitruantes, voilà un morceau énorme. Long Gone n’a rien à lui envier, avec son break central calme qui permet au titre de vous balancer une autre claque au redémarrage suivi de passages mélodieux bluffant jusqu’à la fin, dantesque. Quant à Chains Chains, il nous envoieune mélodie impériale qui trotte encore dans la tête des inconditionnels depuis presque trois décennies…
Voilà donc la recette du cocktail de ce "The Wild, The Willing And The Innocent" : 1/3 de Hard-Rock-Pop, 1/3 de hard-Rock-mélodieux, 1/3 de Hard-Rock-brutal. Buvons à la santé de cet indémodable et mémorable opus d’UFO, certainement leur album studio le plus abouti...