Bienvenue dans un monde fait de paysages édéniques, d'un blanc immaculé où la conception du beau et de la sérénité a englouti toute existence d'agitation et de tourment. Ce voyage, c'est Nosound qui vous l'offre, une armée de sept romains qui a envahi pacifiquement la scène rock depuis 2002 en utilisant à bon escient un mélange de space-rock et de post-rock dont les vertus apaisantes n'ont d'égales que la qualité des compositions.
Si la beauté de la grande cité romaine a pu insuffler aux italiens une certaine inclination pour l'esthétisme, un goût pour l'évocation d'une pureté presque séraphique, c'est plutôt du côté de centre de l'Angleterre qu'il faut chercher la véritable influence musicale de Nosound. Hormis quelques touches évoquant l'univers floydien ou les ambiances nébuleuses de Sigur Rós, Porcupine Tree et à sa tête Steven Wilson personnifient la muse évidente du groupe. Ce dernier, sans doute honoré par cet hommage, ne s'y est d'ailleurs pas trompé, approuvant sobrement la "bonne direction" prise par leur musique, tandis que Tim Bowness – l'autre cerveau de No Man avec Sir Wilson – applaudissait l'univers de Nosound qui "en affichant une sensibilité musicale faite de mélodies lancinantes, de séquences d'accords intéressants et de soli de guitare expressifs […] montre un véritable potentiel".
A vrai dire, toute référence au prolifique anglais s'arrête là où les titres de Porcupine Tree les plus enlevés commencent, car Nosound affiche une aversion apparente pour les agressions auditives, se contentant de déambuler au travers de mélodies calmes et rêveuses. Après un instrumental en guise d'introduction où flottent de légères nappes de claviers agrémentés de quelques notes au piano, Giancarlo Erra accompagne de sa voix mélancolique les ambiances éthérées et ce, sans que l'entreprise soit modifiée d'un iota jusqu'au bout de l'album. Afin de rendre plus chaleureux l'ensemble, interviennent de-ci de-là une guitare planante rappelant qui vous savez, une batterie plutôt sobre ainsi que quelques cordes mais le fait est que le travail est avant tout assuré par les claviers ou le piano omniprésents.
'Lightdark' s'écoute comme un album sans prétention, se déguste afin de s'enivrer de la douceur qui s'en dégage. Le genre de musique qu'on apprécie les yeux fermés afin de s'évader le temps de quelques minutes du monde réel ou peut-être tout simplement parce que l'on aime sa douce volupté.