Derrière ce curieux pseudonyme (il signifie "Exercice d'incendie chinois" !), se cache en fait le projet solo de Joey Vera, bassiste connu pour faire partie des métalleux traditionnels de Armored Saint. Ce dernier a en outre joué avec Anthrax et Nevermore et fait également partie, depuis une dizaine d'années, de Fates Warning, d'abord comme invité puis comme membre à part entière sur le dernier album en date "X" (2004). Il joue aussi sur "Dead air radio", l'un des albums du projet Chroma Key de Kevin Moore (lequel, rappelons le- fonda OSI avec Jim Matheos de Fates Warning ! Vous trouvez ça aussi compliqué que l'histoire de Yes ? Ça l'est moins, quand même ! Notre homme est en fait non seulement un bassiste très doué mais tâte aussi des guitares, des claviers et se révèle enfin un chanteur plus que valable ! Joey s'est adjoint ici les services du batteur Greg Studgio mais tout le reste est interprété par ce surprenant multi-instrumentiste.
Ce "Circles", qu'il a dans un premier temps sorti de manière indépendante fin 2006, flirte légèrement avec le metal progressif mais l'album dans son ensemble n'appartient définitivement pas au genre metal et possède un atout que bien peu de groupes ont aujourd'hui : la variété de ton couplée à une cohérence évidente.
En 7 morceaux de 4 à 9 minutes, souvent plus proches des 6-7 minutes, tous enchaînés les uns aux autres, Joey Vera nous offre un mélange inhabituel avec quelques références metal, oui, mais dans le genre de OSI et du Fates Warning récent (en mieux), du Chroma Key de Kevin Moore, avec des références claires à Porcupine Tree, Pink Floyd, mais aussi un tantinet Rush, Led Zeppelin, ou même les Allemands de Eloy.
Si Circles et Never say never peuvent être classées dans le metal (avec pourtant des passages planants), le reste se range plutôt dans un rock progressif planant avec de temps en temps, quelques riffs épais mais qui ne durent jamais longtemps. On remarque plutôt des éléments de musique électronique, des guitares aériennes, parfois des échos de musique orientale tel Automatic fantasy, commençant avec un dumbek - instrument percussif oriental - et une guitare acoustique à l'accordage inhabituel ou la magnifique ballade Siucra ou encore l'éthéré Grass and stone). Et puis, même si Vera n'est pas un vocaliste exceptionnel, il a quand même une voix agréable et intelligemment arrangée, douce et medium, rappelant un tantinet Arjen Lucassen, traitée avec des effets qui lui donnent un son parfois artificiel ou simplement vaporeux. Guitares acoustiques et électriques (cristallines ou plus saturées), mélangées avec des effets de slide, piano acoustique et électrique, orgues, textures de synthés modernes, dans le genre "space rock", complétées par quelques boucles rythmiques et "scratches" sur un ou deux morceaux, forment la base d'une musique définitivement élaborée, mais accessible et souvent très mélodique, avec pas mal de passages à l'atmosphère mystérieuse et froide (notamment sur le long final, très space rock, Rock, paper, scissors).
Le batteur Greg Studgio possède une frappe très précise, puissante quand il le faut mais pas trop lourde, assez variée en fait, et un son chaleureux, organique. Le son d'ensemble est d'ailleurs irréprochable, clair, moderne sans être vraiment froid, percutant sans être explosif. Vera nous fait même quelques solos de claviers et de guitare (sans parler de parties de basses mélodiques), même si la musique est davantage basée sur les mélodies vocales et des thèmes instrumentaux, plutôt que des parties solistes.
Signé pour une plus large distribution par ProgRock Records dans la 2ème moitié de 2007, cet album est définitivement la meilleure surprise de l'année passée… On attend désormais une chose, que Joey Vera récidive avec un autre album de cette qualité !