Quand on évoque Electric Light Orchestra ou ELO (prononcez I-L-O), ce qui vient immédiatement à l’esprit des connaisseurs c’est : une pop sucrée sous forte influence Beatles, des tonnes de violons et violoncelles, des rayons lasers (pour les concerts), la tête barbue aux lunettes noires de Jeff Lynne (le leader du groupe) et dernièrement, une pub pour une célèbre marque de téléphones mobiles reprenant « Mr Blue Sky ». S’il y a du vrai dans tout ça, ELO c’est aussi une aventure et une ambition au départ, celle d’associer le rock et le classique dans une formule unique pour Jeff Lynne (ex Idle Race) et Roy Wood (ex The Move).
En 1971, les deux hommes avec l’assistance de Bev Bevan (ancien batteur de The Move) s’associent donc pour créer Electric Light Orchestra. Jeff Lynne se charge des instruments « rock » : guitares, basse, piano et voix, tandis que Roy Wood se met au violoncelle, hautbois, clarinette, basson, à la guitare acoustique ainsi qu’au chant. Le premier album qui résulte de cette rencontre est une vraie curiosité. Pour la petite histoire, il est appelé également « No answer » aux Etats-Unis en raison d’un coup de fil resté sans réponse d’une secrétaire qui cherchait le nom de l’album (comme quoi, un nom tient parfois à peu de chose). On imagine sans peine la difficulté que cela a du être à l’époque de mixer des instruments acoustiques avec des instruments électriques sans que les premiers ne soient écrasés par les seconds, mais cette décennie naissante était aussi tournée vers l’expérimentation (fin du rêve hippie et naissance du rock progressif) et ces problèmes techniques n’arrêtèrent pas le groupe fort heureusement.
L’album s’ouvre avec la bien nommée « 10538 Overture » de Jeff Lynne et déjà, on peut dire que tout est là : le son sec et grave du violoncelle plane par dessus le chant pop bercé par la douceur des guitares (électriques et acoustiques), une parfaite entrée en matière. « Look at me now », entièrement acoustique, prend des airs de musique élisabéthaine tandis que « Nellie takes her bow » est une ballade pop très agréable comme le groupe nous en offrira beaucoup par la suite. Les choses se corsent avec « The battle of Marston Moor (July 2nd 1644) », un instrumental de Roy Wood. Voici le genre de morceau ambitieux (progressif ?) qui disparaîtra avec son créateur l’année suivante quand celui-ci décidera de quitter la formation pour laisser la place de leader à Jeff Lynne. Le reste de l’album alterne les compositions de Wood et Lynne, ce dernier plus tourné vers la pop, étant visiblement déjà bien influencé par la musique des Fab Four. Une mention spéciale à « First movement (Jumping biz )» dont la mélodie à la guitare acoustique est de toute beauté ainsi qu’à « Queen of the Hours », digne de figurer sur la face B d’ « Abbey Road ».
De tous les albums d’Electric Light Orchestra. « No answer » est celui qui est le plus à même de plaire aux détracteurs du groupe tellement il se démarque du reste de leur discographie. La production particulière, l’absence de synthétiseurs, la présence de Roy Wood... Tout cela fait qu’il s’agit de leur album le plus progressif, le plus expérimental, tout en restant facile d’accès (grâce à Jeff Lynne). Un album à part mais une petite merveille à découvrir ou à redécouvrir pour les amateurs de pop aventureuse et les esprits curieux.