Mirabilis est un groupe de Néoclassique Gothique né d’un projet musical entre Dru Allen de This Ascension et Summer Browman de the Machine in the Garden. Les deux chanteuses d’influence lyrique en sont aujourd’hui à leur second album avec « Sub Rosa », qui signifie littéralement « sous la rose ». Cette référence à la rose a notamment été utilisée afin de mettre l’accent sur les subtilités et les nouveaux horizons exploités par le groupe sur cet album. Mais que propose cette formation ? Et plus concrètement, qu’est-ce que Mirabilis ?
Tout d’abord, laissez-moi vous expliquer ce qu’est le Néoclassique Gothique : il s’agit d’un genre musical mélangeant le style gothique de l’Heavenly Voices avec des influences classiques allant parfois jusqu’à faire incursion dans la musique médiévale ou baroque. L’Heavenly Voices, appelé aussi Ethereal Wave ou Ethereal Goth, est précisément un genre associé à la musique gothique et caractérisé par une prédominance de chœurs féminins et une rythmique très lente, voire absente. C’est là exactement la bonne définition de la musique délivrée par Mirabilis.
"Sub Rosa" est donc d'un véritable OVNI : atmosphères mélancoliques, ambiances et orchestrations classiques, voix lyriques d’une technicité mais aussi d’une pureté impressionnantes, rythmiques quasi-absentes, chansons a capella et instruments peu communs sont au menu. Mirabilis transporte l’auditeur dans un univers assez lointain, avec quelque chose que l’on n’a guère l’habitude d’écouter, le but étant de permettre une escapade inédite.
Ainsi, sur fond de musique tendre et douce, composée de rythmiques au piano ou au tympanon, de quelques notes de flute ou encore d’orchestrations aux sonorités classiques, les voix de Dru et Summer berceront les oreilles de l’auditeur, se faisant l’instrument central de l’album. Car dans l’Heavenly Voices, comme le nom du genre l’indique, tout tourne autour de ces voix « paradisiaques » à la pureté rare. Les deux américaines nous délectent alors d’un chant clair, lyrique et parfaitement posé qui, tout en étant une bonne démonstration de technique, se révèle être générateur d’émotions diverses et variées.
L’album, composé de quinze titres d’une durée moyenne n’excédant pas les trois minutes, peut se répartir en trois catégories de morceaux. Tout d’abord, il y a les plus dynamiques dotés d’une rythmique composée de percussions tels des tambours et autres des tambourins, rythmique néanmoins très lente mais suffisante pour donner le ton. Dans cette catégorie peuvent figurer les titres les plus saisissants à l’image de « World Indifferent » qui démarre l’album de manière remarquable avec son rythme soutenu et ses lignes de chants éthérées envoutantes à souhait, « Undercurrent » et son rythme lancinant, l’entrainante « Odyle » et sa basse grinçante, ou encore le titre éponyme « Sub Rosa » qui termine l’album dans de subtiles lignes vocales qui laissent rêveur.
Viennent ensuite les musiques dépourvues de toute percussion, et dont le rythme ne résulte que des quelques instruments en présence. Ces titres se veulent mélancoliques et transporteurs. Le chant ressort de manière plus forte, comme sur « The Journey » où un couplet à la voix douce et claire sur une rythmique au tympanon s’envole dans un refrain lyrique aussi technique que subtile ; ou encore la magnifique « Aubade », titre lumineux à la douceur incomparable, la rythmique au piano agrémentée de quelques lignes de flute et saupoudrée d’un chant lyrique éthéré n’y étant pas pour rien…
Enfin, il y a les morceaux a capella, composés uniquement de chœurs, de polyphonies ou de duos lyriques d’une grande technique. Ici, place à la démonstration vocale, en montrant les capacités musicales d’une simple voix à produire des sonorités à la fois originales, subtiles et atypiques. Ainsi, « Il Est Bel Et Bon », titre chanté en français, livrera un exercice polyphonique du plus bel effet et « O Maria Mater Pia » rappellera à quel point un chant lyrique peu se faire pure et subtile.
Ainsi, « Sub Rosa » arrive très bien à restituer l’ambiance et l’atmosphère voulues, transportant l’auditeur dans un univers gothique/classique où la voix féminine est reine. Toutefois, l’album n’arrive pas à être complètement convaincant, et ces chansons a capella ou sans rythmique, bien que dotées de lignes de chant à la technique remarquable, n’arrivent pas séduire d’un point de vu musical, faute d’émotivité. Les musiques arrivent rarement à toucher l’auditeur droit au cœur et, malgré quelques titres vraiment magnifiques et saisissants, l’ensemble est assez triste, parfois mièvre, ne donnant pas forcément envie de revenir sur l’album une fois celui-ci terminé.
Il y a donc là un très bon exercice de style, une forte originalité, d’excellentes idées, mais il manque ce feeling qui aurait pu faire toute la différence. On saluera donc tout de même la performance des deux miss de Mirabilis, à savoir Dru et Summer, qui auront eu le mérite de s’aventurer dans des contrées assez perdues et inexplorées, usant de leurs facultés vocales pour s’expérimenter à quelque chose de vraiment rare voire inédit.