Le défi qui se présente devant le gang des frères Young n’est pas des moindres. En effet, non seulement le groupe doit compenser le départ de son batteur historique, Phil Rudd, mais il doit également faire face à une érosion certaine de sa popularité et des ses ventes d’albums. Malgré de réelles qualités, « Flick Of The Switch » n’a pas réussi à compenser la déception provoquée par le pachydermique « For Those About To Rock (We Salute You) ». Mais prenons les problèmes dans l’ordre.
Pour remplacer l’ami Phil qui ne supportait plus le rythme effréné des tournées et sessions d’enregistrement, AC/DC finit par jeter son dévolu sur un jeune, pas tout à fait inconnu, du nom de Simon Wright, ancien de Tora ! Tora !, A II Z et Tytan. Quant à la suite de « Flick Of The Switch », elle est enregistrée au Mountain Studio de Montreux en Suisse, déjà fréquenté par Queen ou David Bowie. Malcom et Angus reprennent place derrière les consoles et tirent les conséquences de l’accueil mitigé réservé au son garage de « Flick Of The Switch ». Ce coup-ci, le gros son fait son retour, soutenu par la frappe de bûcheron de Simon Wright. Le sens du riff imparable des deux frangins fait encore merveille et permet à certains titres de déclencher l’enthousiasme. En effet, difficile de résister au tonitruant « Shake Your Foundations » ou au groovy « Sink The Pink ». Le vicieux et hypnotisant « Playing With Girls » provoque des battements de pied incontrôlés, alors que « Hell Or High Water » déboule tel la charge d’un troupeau d’éléphants pour piétiner la moindre once de résistance. Enfin, si « Fly On The Wall » ouvre les hostilités sur un riff classique et efficace, la surprise vient d’un « Back In Business » au boogie ZZ Topien inattendu mais irrésistible.
Par contre, cet album souffre encore de quelques lourdeurs comme l’enchaînement « First Blood » - « Danger » qui n’arrive pas à décoller malgré un riff intéressant pour le premier. Le malheur, c’est qu’AC/DC choisit le plombé « Danger » comme single, ce qui va déboucher sur un échec pourtant prévisible et ne va pas fournir une excellente publicité à l’album. Ce problème de lourdeur se retrouve également dans « Stand Up » et « Stand For The Men » qui vient clôturer l’album sur une note négative qui nous laisse sur la désagréable impression que, malgré des morceaux majoritairement réussis, AC/DC ne réussit pas à retrouver son lustre d’antan. Alors bien sûr, la production n’est pas étrangère au fait que certains titres peinent à prendre leur envol. En effet, alors que la frappe de mule de Simon Wright est (un peu trop) mise en avant, la voix de Brian Johnson est, quant à elle, parfois sous-mixée et peine alors à s’imposer, ce qui nuit à la dynamique de la mélodie, couverte par la chape de plomb de la rythmique.
Malgré ces explications et la bonne tenue de la plupart des titres composant cet album, autant avouer que l’inquiétude commence à s’installer quant à l’avenir de nos kangourous électrifiés et que la traversée du désert commence à paraître longue à certains.