Au moment de la sortie de Stereotomy, en 1984, l’inspiration est en perte de vitesse chez le duo de compositeurs. Woolfson et Parsons choisissent donc de changer de “ligne éditoriale” en sortant un album moins systématiquement mélodique, plus agressif et avec une instrumentation beaucoup plus électro, donc assez éloignée des habitudes d’Alan Parsons Project.
D’emblée, ce changement de ton surprend: les claviers, les basses et la guitare ont changé de registre, avec des sons plus métalliques, plus “frappés”, et moins de présence orchestrale (Andy Powell n’est d’ailleurs plus là). L’étude du line-up révèle que les chanteurs ont changé (Eric Woolfson ne chante aucun titre et John Miles est de retour). Stereotomy est donc une vraie nouveauté, très moderne pour son époque, mais qui peine à lancer un instrumental à la hauteur de ses ambitions.
Presque dans la même lignée, Beaujolais part sur une rythmique sautillante inédite pour le combo. Mais il apparaît que le groupe n’arrive pas à défendre le titre, affublé de paroles d’une rare pauvreté. S’agit-il d’une difficulté à réussir à s’affranchir d’un style devenu trop habituel ? Dans les plages suivantes, cette impression va tendre à se confirmer, n’arrivant à proposer que des musiques assez conventionnelles : Limelight, avec des lignes de synthé durcies par rapport aux sons entendus chez APP; Light of the World, assez classique, Chinese Whispers, sans grande consistance, ou Stéreotomy 2, replay un peu inutile du morceau d’ouverture.
Reste un essai dans le rock “basique” (The real World) , louable même si ce style n’est pas naturel pour le groupe, et un instrumental électro (Where’s the Walrus) développant une belle énergie (l’autre instrumental, Urbania, assez jazzy, ne possède pas la magie habituelle, et Richard Cottle n’est pas Mel Collins).
Au final, un essai louable mais pas vraiment transformé pour ce Stereotomy, qui n’arrive pas à créer une atmosphère totalement originale. Woolfson et Parsons reviendront sur un terrain plus connu avec leur dernier album Gaudi, réutilisant les recettes qui avaient préalablement fait leur succès.