Bokor est une toute nouvelle formation en provenance de Suède qui, grâce à un savant mélange de métal, de grunge, de death (et bien d'autres encore) d'une étonnante maturité et d'une qualité peu commune pour un premier essai, pourrait bien devenir une des valeurs incontournables de ces prochaines années.
Bokor se plait à dire que le groupe joue de façon décomplexée, sans se soucier de l'étiquette qui pourrait leur être attachée. Et c'est dans cet esprit que s'est formé le quintet en 2005 après que chacun se fut essayé à d'autres formations locales. Il est vrai que malgré les références qui se dessinent à l'écoute d 'Anomia 1', les suédois proposent là une musique qui leur est propre, représentée par un Lars Carlberg au chant singulier et par un son également personnel, très seventies.
Dans toute cette diversité maîtrisée, certaines influences se devinent malgré tout : aux côtés de Soundgarden sur "The Island Of St Menèe", Tool sur "Best Trip" voire Perfect Circle avec "Avert Your Eyes", ressortent les ambiances sombres d'Opeth ou la rugosité de Mastodon. De diversité, il en sera aussi question sur "Convert Into" aux guitares arabisantes auxquelles se succède un métal-chant éraillé et énervé enrichi d'un solo final empreint d'un certain psychédélisme. Avec "Migrating" long chapitre d'un quart d'heure, débutent des sonorités très jazzy semblant emmener l'auditeur sur une fausse piste pour mieux se déployer durant une dizaine de minutes sur des structures à tiroir synthétisant finalement ce que Bokor sait faire de mieux : évoluer au gré de ses envies à travers des styles identifiés mais différents, sans se donner de limite…
L'enregistrement de l'album fut lui-même effectué avec le souci de varier les plaisirs. Ainsi, Bokor s'enfermait-il dans un studio différent une fois achevée l'écriture de deux morceaux. Aux manettes, quelques personnalités de la sphère métal dont Magnus "Devo" Andersson (bassiste de Marduk) ou Peter In De Betou (ayant travaillé pour Messhuggah, Dimmu Borgir, Amon Amarth…)
Avec 'Anomia 1', Bokor accouche d'un monde leur appartenant, un univers transversal dont les coups de pioches répétés à travers des genres distincts ont permis d'en extraire la pierre précieuse, à l'état brut, tant attendue.