Après 25 ans de carrière passés derrière le micro de groupes prestigieux tels que Sanctuary puis, actuellement, Nevermore, Warrel Dane s'octroie, le temps d'une pause, le plaisir de sortir son premier album solo. L'idée de départ de Dane, qui a réellement germé durant l'enregistrement de 'This Godless Endeavour' de Nevermore, était de proposer une musique différente de ce dernier, moins axée sur la technique. Le choix s'est alors porté sur Peter Wichers (ex-guitariste de Soilwork) pour participer à l'écriture des nouvelles compositions. Viendront se greffer Dirk Verbeuren (Soilwork, Scarve) à la batterie, Matt Wicklund (ex-HIMSA) à la guitare, ainsi que quelques guest-stars tels que Jeff Loomis (Nevermore), Chris Broderick (Megadeth) ou encore James Murphy (Death, Obituary, Testament…)
Avec une telle famille au complet, nous aurions pu nous attendre à un assaut destructeur en bonne et due forme, mais il faut croire que l'habit ne fait pas toujours le moine, car le parti pris par Warrel Dane de privilégier l'accalmie se fait sensiblement sentir. Entendons nous bien, si accalmie il y a, elle est toute relative. Les musiciens ne passent pas pour des manchots et enchaînent les morceaux avec toute la vélocité à laquelle l'auditeur pourrait s'attendre voire espérer, ne serait-ce que sur "Equilibrium", titre se rapprochant le plus des canons du trash. Ceci dit, 'Praises To The War Machine' prend majoritairement la forme d'un métal gothique, pas dénué d'une certaine rage, d'une férocité somme toute contrôlée mais qui semble bien moins exacerbée par rapport aux brûlots autrefois entendus.
Il apparaît cependant tout au long de l'album que l'ombre de Nevermore est toujours bien présente, Warrel Dane a eu visiblement du mal à se détacher des compositions de sa formation de fortune. Du combo de Seattle, 'Praises To The War Machine' en a la couleur, sombre et pesante, la substance entre technique et lourdeur, mais n'est pas tout à fait du Nevermore.
Alors que l'album entame les hostilités avec deux titres réussis dont "Messenger" pour lequel Jeff Loomis nous gratifie d'un solo dont il a le secret, il faut avouer que le milieu de l'album perd sensiblement en puissance et en grandeur. Warrel Dane se penche dès lors sur du gothique classique "Lucretia My Reflection" (Reprise de The Sisters Of Mercy) et enchaîne par des ballades ("Let You Down" marquée par la présence de Chris Broderick, et "Your Chosen Misery") qui sans être inintéressantes loin de là, n'apportent rien de nouveau sous le ciel ennuagé de Seattle.
Le réveil s'imposera brutalement dès le premier riff tonitruant de "The Day The Rats Went To War", titre qui devra sans doute son punch à la présence de James Murphy. Et après un "Brother" qui ralenti la marche mais reste de très bonne facture, déboule "Patterns", reprise de Paul Simon, méconnaissable certes, mais d'une efficacité démoniaque qui pourrait vite faire oublier l'original. La fin de l'album est du même acabit, entre rythmiques bétonnées et mélodies accrocheuses.
Difficile au final de réellement critiquer un tel album. L'exécution ainsi que la production sont irréprochables, et les mélopées de Dane collent parfaitement à l'ambiance. Malgré tout, les louanges pour cette machine de guerre là seront quelque peu mitigées, peut-être parce que comparer 'Praises To The War Machine' à du Nevermore sur la forme, c'est aussi confronter leur excellence, ce que le premier semble moins enclin face au second. Par contre, si de telles comparaisons sont mises de côté, reste que cet opus est un bon cru que tout amateur du genre pourra apprécier à sa juste valeur.