Demians est le projet porté à bout de bras par le multi-instrumentiste français Nicolas Chapel qui, avant même d'être connu du grand public, a suffisamment séduit ses compères à l'instar de Steven Wilson pour qu'une certaine notoriété lui soit assurée. Ce dernier ne semble en effet pas avare de louanges quant à son protégé puisqu'il s'agirait selon lui ni plus ni moins d'un des plus accomplis premier essai qu'il ait jamais entendu.
Il faut dire que les liens qui unissent les deux hommes ne s'arrêtent pas à une déclaration d'admiration ; la filiation musicale semble bien plus forte. Pourtant Demians n'est pas un énième ersatz de Porcupine Tree, profitant de la popularité du groupe pour s'ouvrir la voie à une carrière de simple contrefacteur qui ne cacherait finalement qu'un manque d'originalité. Demians joue du Demians, et de plus, le fait bien. Et s'il est difficile de ne pas sentir les influences de groupes aux noms de Porcupine Tree mais aussi Oceansize voire Dredg, Demians s'est d'ores et déjà crée son propre univers.
En l'espace d'une heure, se dévoilent huit mondes (neuf sur l'édition limitée) dont les frontières imaginaires dessinent les contours d'un subtil rock progressif ("The Perfect Symmetry", "Temple"), de space-rock ("Unspoken" dont l'onirisme et le jeu de batterie n'est pas sans rappeler celui des anglais de l'arbre à porc-épic) jusqu'à de l'électro-ambiant ("Empire"), le tout parsemé d'incartades plus énervées ou au contraire gorgées d'émotion. A ce titre, la pierre précieuse "Sapphire" est une réelle réussite qui justifierait à elle seule de porter une oreille plus qu'attentive sur ce premier essai. L'album se termine sur "Sand" qui égraine un space-rock sur plus d'un quart d'heure et qui malgré de bons moments aurait sans doute mérité d'être écourté afin d'éviter quelques redites. Mais ce n'est pas sur cette note mitigée que s'achève 'Building An Empire' car les pensées se cristallisent autours de la beauté de l'album dans son ensemble, sur le souvenir d'un moment d'évasion, et sur la facilité avec laquelle son auteur peut nous emmener là où on ne s'y attend pas.
Le talent de Nicolas Chapel va d'ailleurs bien au-delà de ses qualités de compositeur car c'est bien lui qui se trouve derrière chaque instrument et qui interprète dans la langue de Shakespeare de sa tessiture avenante ces huit titres ambitieux mis en lumière par une excellente production.
Si Demians ne s'est pas encore construit un empire, il en possède au moins les fondations. La variété des genres abordés et la musicalité sont au rendez-vous et donnent à croire en un avenir radieux pour ce nouveau-né français. En attendant la concrétisation de Demians par une prochaine offrande, plongez-vous sans inquiétude dans la sphère de 'Building An Empire', vous ne le regretterez pas…