Ayant découvert récemment The Wrong Object pour leur prestation live avec Elton Dean, c'est avec un certain intérêt que je me suis penché sur ce "Stories From The Sheld" à son arrivée dans la boite aux lettres de Music Waves. Après un témoignage live d'une telle qualité, j'espérais une nouvelle pépite croustillante.
Et je ne suis pas déçu. Voila de l'inaudible comme on l'aime. Au "casquomètre" familial, cet objet a battu un nouveau record avec seulement 15 secondes avant la fatidique phrase "mets le casque, s'il-te-plait !!!"
Pour ceux qui avaient lu avec intérêt ma prose précédente sur le "Unbelievable Truth" avec Elton Dean, je serais tenté de résumer par un bien senti "allez-y sans hésiter, c'est du tout bon !".
D'une technicité parfaite, les musiciens se permettent ici de se réunir dans un studio et de nous enregistrer un album en live. De la vraie musique toute brute sans ajouts pour un plaisir sans artifices.
Bon, d'accord, on l'admettra tous, c'est du jazz qui demande une certaine habitude et un effort certain pour être apprivoisé. On commence en fanfare avec un morceau aux accents d'Europe de l'est qui met en avant ce qui semble être la marque de fabrique de The Wrong Object : un goût particulier pour les cuivres.
On est en effet ici en présence d'un jazz assez éloigné du classique album prétexte à une succession de chorus. Autour de compositions complexes mais non dénuées de mélodie (écoutez bien le "Sheepwrecked") s'expriment avec talent une trompette et un saxophone omniprésents.
Cet album présente une alternance fort bien équilibrée entre mélodies recherchées au service des interprêtes et effets d'ambiances, comme sur "Acquiring The Taste" ou "Saturn".
A noter également une section rythmique remarquable par sa présence toujours juste dans le propos : il faudra en effet un certain nombre d'écoutes pour comprendre à quel point le travail du bassiste et du batteur est à la fois d'une grande qualité musicale et technique tout en restant au simple service des compositions, sans démonstration hors propos mais avec d'excellentes surprises (le groove au milieu de "Strangler Fig" ou la fin de "Rippling Stones")
Enfin, à la différence de bon nombre de formations officiant autour du jazz et de ses dérivés, le guitariste et principal compositeur donne une leçon d'humilité par sa discrétion, malgré quelques soli bien ficelés comme il semble savoir les sortir.
En effet, alors que beaucoup d'albums de ce style musical tournent trop souvent autour du concept "écoutez comme je joue bien", Michel Delville utilise vraiment le groupe dans sa totalité au service de compositions parfaitement équilibrées, avec pour point d'orgue ce qui pourrait devenir l'hymne de ce groupe : un "Unbelievable Truth" de toute beauté qui revient de façon récurrente dans les albums de cette formation pour un plaisir encore renouvelé.
Digne héritier de Soft Machine et de Frank Zappa, l'une de mes découvertes favorites de l'année 2007 me redonne donc en cette année 2008 une claque comme j'aimerais en prendre un peu plus souvent.
Merci et bravo...