Les trilogies ne sont pas légion dans le monde du Rock. Charlie Dominici (CD) a fait preuve de beaucoup d’abnégation pour aller au bout de son idée, qui, rappelons-le, avait commencé par un album entièrement acoustique et interprété par l’ancien chanteur de Dream Theater dans son intégralité. Après avoir signé chez InsideOut, c’est avec un vrai groupe que revient CD pour la deuxième partie de cette Trilogie « 03 ». Les avis sont partagés sur ce second volet. Votre serviteur pour sa part en avait apprécié la richesse et l’énergie.
Sur ce dernier pan, c’est la même formation qui œuvre, à savoir CD lui-même au chant, Brian Maillard à la guitare, son frère Yan à la batterie, Riccardo Erik Atzeni à la basse et Americo Rigoldi aux claviers (USA, Suisse et Italie !). Cet opus est un véritable travail de groupe puisque, si les textes sont entièrement écrits par Monsieur Dominici, les musiques sont collectives. CD et les frères Maillard pour 4 d’entre-elles, les 4 autres avec l’aide du bassiste R.E. Atzeni (ces 4 musiciens produisant le tout).
L’histoire comptée ici est celle d’Anthony Dam, flic de son état, qui va de découvertes en découvertes après le début de la quatrième (sic) guerre mondiale. L’idée générale fait forcément penser à la Bible, revisitée par Charlie Dominici… C'est ainsi que nous rencontrerons, par exemple, les 7 anges de l’Apocalypse. L’histoire se termine par une révélation, c’est qu’Anthony Dam (A. Dam), renommé Adam, est le dernier porteur d’ADN de la race humaine, et va être déposé sur terre afin de « faire repousser proprement la race humaine » par des êtres supérieurs. De l’ADN lui est prélevé sur une côte afin de lui offrir une compagne (qui sera appelée Eve, on imagine…). Et voilà, la boucle est bouclée…
Comment est mis en musique ce concept ambitieux ?
Il arrive souvent qu’un bon disque soit long à assimiler et que la première impression soit trompeuse. C’est le cas ici avec un ensemble qui semble pêchu mais un peu rude. Mais c’est une sensation qui évolue avec les écoutes successives. Une richesse que l’on va trouver tout au long de ces huit titres dont le plus court fait un peu plus de 4 minutes et le plus long plus de 10. Nous avons bien sûr droit à une ballade (excellent So Help Me God), mais surtout à de bons riffs bien salés. Ca envoie du bois en somme !
Les news que l’on entend au début de l’album annoncent une explosion nucléaire au Moyen-Orient qui marque le début de la guerre nucléaire ‘finale’. King Of Terror débute ainsi, calmement, avec une ambiance mise en place ‘à la Pink Floyd’, mais rapidement le Métal se met en mouvement. Nous enchaînons ainsi 2 titres très dynamiques, riches en thèmes, breaks et soli de guitares. Mais ce qui ressort de ces 2 premières plages, c’est l’énergie de l’ensemble, avec un Charlie Dominici qui n’est pas sans rappeler Ronnie James Dio (celui de « The Last in Line » par exemple). Le premier quart d’heure nous emmène dans l’enfer du nucléaire.
So Help Me God vient à point pour relâcher la tension. Comme nous le voyions plus haut, c’est une ballade, qui voit le héros Anthony Dam demander de l’aide à Dieu auquel il n’a pas rendu hommage depuis plusieurs années, marquant ainsi la force du désespoir qui l'envahit. CD semble habité dans cette interprétation.
Pour Liquid Lightning, nous revenons à du plus classique, avec une basse groovy, une guitare bien agressive et une voix assez directe (quelques réponses faites par la même synthétisée). Un passage instrumental guitare/clavier relativement traditionnel, suivi d’un solo de guitare inférieur à ce que fait Brian Maillard par ailleurs et in fine un morceau un peu faible.
Enemies Of God est un titre de plus de 10 minutes, qui ravira les amateurs de progressive Metal élaboré, avec un grand nombre de thèmes et d’ambiances. Une histoire qui évoque les 7 anges de l’apocalypse. L'instrumental de fin aurait mérité un peu plus d’envolée dans cette pièce à vocation ‘épique’.
Revelation, où notre héros se voit intimé l’ordre d’aller à la rencontre des ‘Aliens’, est plus classique dans sa construction. Energique, comme souvent dans ce troisième volet de la trilogie O3, mais pas inoubliable.
Il est alors aisé d'imaginer que Hell On Earth va tout casser. C’est le cas dès l’intro où l’ambiance est chaude : guitares bien grasses, synthés angoissants derrière. La voix de Dominici se fait un peu plus éraillée, alors qu’il incarne un ‘Alien’. Anthony Dam voit, lui qui est prisonnier des ‘Aliens’, la race humaine définitivement éradiquée. C’est bien l’enfer sur terre…
Genesis, qui clôt la trilogie, est l’autre titre ‘épique’ de l’album. Toujours aussi énergique, mais plus mélodieux, cette renaissance d’Adam et Eve est musicalement riche ! Une intro qui n’en finit plus, avec ses breaks, ses thèmes qui s’enchaînent parfaitement à une vitesse vertigineuse. Lorsque la voix entre en scène, cela se calme un peu, mais cela ne dure pas. Décidément, Dominici et ses acolytes avaient de la rage à revendre lors de la composition. Une fin à l’image de tout ce que nous venons d’écouter. Le finale reprend le thème du début du titre avec bonheur et conclut à merveille cette aventure.
Au final, il s'agit d'un troisième volet globalement positif d'où se dégage une force fort appréciable. Il est juste légèrement regrettable qu’il ait manqué au groupe un talent comme Jordan Rudess par exemple, qui aurait donné plus de grandeur musicale à un concept ambitieux et bien ficelé.