L’opportuniste Pantera fut une insulte à Exhorder. Trop longtemps le quatuor de Louisiane n’aura été considéré que comme un groupe « à la Pantera ». Sauf que voilà, alors qu’Anselmo causait chiffon avec les membres de son groupe de glam de l’époque, Exhorder enregistrait déjà en 1986 sa première démo « Get Rude » suivie en 1988 de la démo « Slaughter in the Vatican » dans laquelle figure l’intégralité du LP qui sortira sur Roadrunner deux ans plus tard excepté le titre « The Tragic Period » écrit peu après ladite démo.
Alors, qui a influencé qui ? Pour cela il suffit de lire la partie « special thanks » du livret contenant le très équivoque « FUCK YOU if you wear make-up and have a tool swinging between your legs »… Pour en finir avec Pantera, contrairement à ce qui est écrit ici et là, « Slaughter » n’a musicalement pas grand-chose en commun avec le cowboy de l’enfer, mis à part deux/trois riffs sur tout l’album que l’on qualifiera par la suite de power thrash, et une très légère similarité dans le timbre de voix de Kyle Thomas, les excentricités haut perchées d’Anselmo en moins et une bonne pelleté de rage en prime.
Visuellement, la pochette n’est pas des plus heureuses, non pas dans le fond mais dans la forme, ce côté BD décrédibilisant l’objet au premier coup d’œil. Enfin, là n’est pas l’essentiel, c’était légion à l’époque, on se rappelle tous de cette cover de Spiritual Healing…
Musicalement, une fois n’est pas coutume, Scott Burns, en plein boom à l’époque, n’aura pas tout massacré en laissant ses prod’ plastifiées au vestiaire et il conserve un petit grain suffisamment âpre pour coller à la musique particulièrement rentre-dedans d’Exhorder, véritable bombe d’énergie. Le son de la batterie, sec et relativement en avant, accentue l’impression de matraquage au gré des furieuses accélérations qui parsèment la galette. Le rush final du titre « Exhorder » en est la parfaite synthèse balançant un gros parpaing à la tronche de bon nombre de groupes de brutal death.
Point de fioriture, on parle bien ici de pur thrash agressif et direct. Toutefois, quelques longueurs se seront incrustées dans un titre comme « Legion of Death » qui plombe un peu la formidable dynamique de l’ensemble sur des passages mid tempo pas forcément pertinents et un peu longuets. Mais le titre suivant « Anal Lust » fait vite oublier cette petite incartade en retombant en pleine folie meurtrière thrash dés les premières secondes. C’est simple, direct, et ça défonce. « Homicide » est lui aussi une démonstration de puissance. Cette même puissance, Exhorder sait aussi la canaliser sur un titre comme « Desecrator », plus heavy dans l’approche, véritable bulldozer dans sa finalité.
Voilà un album sur lequel le temps a glissé sans laisser vraiment d’empreinte et qui reste un must pour qui souhaite connaître ce que le thrash metal fut il y a 18 ans, en prenant une bonne claque derrière les oreilles au passage.