En 1997, les Allemands de Atrocity avaient sorti un album entièrement composé de reprises de standards pop des années 80 portant le nom de « Werk 80 » et qui proposait entre autre des titres de Tears For Fears ou de Soft Cell pour un résultat relativement mitigé.
Il faut rappeler que Atrocity, qui s’est formé à la fin des années 80, est un groupe ayant beaucoup évolué avec le temps et les albums. Après avoir démarré dans le death métal puis flirté avec pas mal de genres musicaux, mêlant par exemple sa musique à la new wave ou a quelques sonorités électroniques ils ont fini ces dernières années par revenir à une musique plus death atmosphérique avec un fort aspect gothique (Atlantis sorti en 2004).
C’est donc avec une certaine surprise que ce Werk 80 II déboule plus de 10 ans après le premier tome, même si le succès commercial du premier opus peut en partie expliquer ce nouveau volume à un moment où la formation semble en panne d’inspiration.
12 titres sont au programme, presque tous des tubes imparables de la scène pop electro des années 80 restés dans les mémoires collectives. Et malgré des moyens engagés assez conséquents, avec, notamment, l’apport d’un orchestre classique, le résultat est tout bonnement catastrophique. Si l’orchestre a plus tendance à alourdir le tout que de mettre les titres en valeur, ce sont surtout les vocaux qui posent problème. Ces derniers se veulent dans la mouvance death et ce choix parait complètement inapproprié tant les titres sont d’un ennui profond et d’une médiocrité quasi complète et ce malgré la présence sur certains titres de Liv Kristine, compagne du leader du groupe Alex Krull et chanteuse de Leave’s Eyes, dont le timbre de voix semblait parfait pour ce genre de titres.
Vos esgourdes seront ainsi soumises à une rude épreuve notamment sur "Relax" de Frankie Goes To Hollywood, complètement massacrée et qui perd toute sa finesse à grand coup de riffs de guitare inappropriés et de growl ridicules ou "Here Comes The Rain Again" de Eurythmics, qui perd ici tout son charme originel pour se perdre dans une mélasse métallique orchestrale de très mauvais goût. "Such A Shame" de Talk Talk n’a jamais aussi porté son nom que sur ce disque, et "Don’t You (Forget About Me)" de Simple Minds ferait presque rire tellement sa reprise semble ridicule avec ses chœurs très kitsch.
Il ne reste donc pas grand-chose à sauver si ce n’est "People Are People" (Depeche Mode) uniquement pour ses parties de chant pas trop mauvaises et en étant gentil le "Smalltown Boy" de Bronski Beat, même si Paradise Lost en avait fait une bien meilleure relecture sur "Symbol Of Life".
Constat sans appel donc et une note sanction. Atrocity a voulu faire un disque facile et en se prenant très au sérieux, et il s’est complètement loupé. La pochette aguicheuse du disque présentant Dita Von Teese, la célèbre strip-teaseuse, en petite tenue appuie le sentiment d’une pure opération commerciale à peu de frais. Tout cela renforce l’idée qu’un groupe métal n’est pas forcément fait pour tout reprendre et nous conseillerons à Atrocity de s’en tenir à l’avenir à son style musical propre tout en oubliant rapidement ce Werk 80 II qui, nous l’espérons, ne tombera pas entre les mains de fans des groupes repris car ils auraient du mal à en croire leurs oreilles.