Cela fait déjà quelques années que la Pologne s'affiche comme un des derniers bastions imprenables du rock/metal progressif avec des groupes tels que Riverside et Quidam (pour ne citer qu'eux). A l'origine, Point of View tournait avec une chanteuse. Ca n'est qu'en 2005 qu'un chanteur et un claviériste sont arrivés pour orienter le groupe dans une nouvelle direction. Disillusioned (sorti l'année passée) est leur premier album, après deux démos sorties en 2005 et 2006.
Cette direction s'affiche clairement dès la première composition, Disillusioned, composé de riffs puissants et d'une rythmique particulièrement metal. Entre un metal bien pêchu et un rock prog dont ils ne dessinent que les contours dans les grandes lignes, les 4 musiciens offrent 48 minutes de musique pour tenter de nous convaincre.
Au bout de deux ou trois morceaux, les riffs de guitares répétitifs commencent à lasser. Même si la voix sombre et bien posée est là pour récupérer la donne, la sauce ne prend pas. Et c'est dommage. Au détour d'une composition, la guitare s'envole dans un solo rondement mené qui fait oublier la lourdeur des autres chansons. Cela nous donne des morceaux comme Reborn, moitié-bon moitié-décevant de par les arrangements guitare peu originaux.
Ce serait faire preuve de mauvaise foi que de s'arrêter là. Outre une voix sombre de progueux dépressif, le groupe nous gratifie de quelques compositions aux claviers des plus appréciables. Les riffs s'effacent, la double-pédale perd de son intensité et solis et claviers s'occupent du reste. Avec Asylum, nos polonais dévoilent une nouvelle facette de leur talent. Les faux-pas du début se font oublier et l'album devient réellement intéressant. Le soufflé retombe malheureusement avec Mercy Killing qui part malheureusement dans toutes les directions, sans réellement s'engager à fond sur un chemin... Un peu de riff par là, un solo par-ci, du clavier là-bas et des percussions à cet endroit-là, ça se perd un peu tout ça.
Le salut viendra du duo de fin Point In Time & Out Of The Blue qui reprennent progressivement les ingrédients du succès.
Sur le second morceau, l'intro est lente et amène doucement quelques notes de clavier. La voix se pose. La basse soutient l'ensemble et le morceau est lancé. Une fois encore, le solo de guitare viendra enjoliver la chose dans un style presque jazzy. Le ton monte et les guitares plus metal explosent pour ponctuer la ballade et, par la même occasion, cet album.
Au final, cet album joue sur plusieurs plans sans réellement tenir en équilibre sur chacun d'eux. C'est évidemment le défaut à pointer sur chaque premier album de groupe. Il serait presque indécent de tomber directement sur la perle rare. Tantôt résolument metal, tantôt plus progressif dépressif, ce Disillusioned est en demi-teinte, mais laisse entrevoir quelques jolies perspectives pour l'avenir. La Pologne n'a pas fini de nous étonner...