Fort d’un premier album sorti en 2004 qui avait déjà fait son petit effet, le all star band Venomous Concept revient pour notre plus grand plaisir masochiste nous malmener les feuilles et les cervicales avec une sympathique petite sauvagerie de 17 titres, cette fois signée chez Century Media. Exit donc Ipecac Records, le label de Mike Patton (Faith No More, Mr. Bungle et Fantômas).
Outre ce changement, la formation a elle aussi eu droit à son petit rafraichissement de printemps et se révèle encore plus ragoutante que l’originale. L’homme à tout faire Shane Embury (Napalm Death) qui laisse la basse à l’emblématique Danny Lilker (Brutal Truth, Nuclear Assaults) remplace Buzz Osbourne (The Melvins) qui officiait à la gratte. Pour le reste, pas de changement Kevin Sharp (Brutal Truth) s’affaire toujours aux beuglements et Danny Herrera (Napalm Death) est bien calé derrière ses fûts.
La production est plus soignée que sur « Retroactive Abortion ». Le son même si il reste brut de décoffrage, gagne en profondeur et assoit la gratte qui y gagne en agressivité. La ligne de conduite, clairement annoncée en 2004 ne bouge pas d’un iota, la brutalité est quasi constante, l'auditeur étant une fois de plus confronté à une débauche de sauvagerie punk hardcore mâtiné de grind : « Outlaw Hardcore » comme ils aiment à le définir.
Ca défouraille joyeusement car là où y’a de la gêne, y’a pas de plaisir. Les riffs tranchants et les innombrables changements de rythme se succèdent. Et comme on pouvait s’y attendre avec le duo Embury/Herrera, ces derniers s'appliquent à compresser les meilleurs éléments Punk/Core de Napalm Death pour en extirper la plus dure des substances.
Les compositions sont courtes et ne font pas dans la redite. Ne cherchez pas les soli, seul un petit vite fait sur « Workers of the World » histoire de dire… Pas de temps à perdre avec ce genre de fioriture. A part « Check Out » et « Water Cooler » qui tournent autour des trois minutes et nous offrent d’ailleurs les seuls moments de répits de la galette, le reste des morceaux déferlent aux alentours de la minute cinquante. Les gars ne sont pas là pour faire du remplissage mais bien pour nous en mettre plein la tête en moins de temps possible. Le meilleur exemple étant sans doute « Stupid » et ses 55 secondes de furie exutoire où les vocaux hurlés de Kevin Sharp parfois proche de l’écorchement viennent se poser aussi délicatement qu’un mec qui s’écrase du quinzième étage sur le bitume.
Que retenir d’une telle production ?
Tout d’abord, ça fait plaisir de voir que des vieux briscards alignant plus de 20 ans de carrière dans l’extrême aient su rester verts et soient encore présents pour faire la leçon à pas mal de jeunôts énervés. A ce titre, la médaille d’honneur revient à Embury, infatigable après toutes ces années pourtant très prolifiques (rappelons pour mémoire, outre son groupe principal Napalm Death, sa participation à Unseen Terror, Warhammer, Blood from the Soul, Meathook Seed, Malformed Earthborn, Lock Up, Brujeria, Venomous Concept, Anaal Nathrakh et j'en passe...). Ensuite, il faut bien avouer que même si le groupe présente une identité propre, sa musique n’a rien de révolutionnaire. Mais la motivation de Venomous Concept fut clairement annoncée dès sa formation avec un retour à un Punk/Hardcore dans sa plus sauvage et indomptable forme, comme il le fût à ses balbutiements.
Comme annoncé sur leur site, "VENOMOUS CONCEPT are looking forward to spit their sonic and lyrical venom straight into your face". Mission accomplie!