4 ans après The Inside, dont j'ai dit le plus grand bien récemment, sort ce Locks & Keys à la pochette moins racoleuse et au contenu, espérons-le, tout aussi réjouissant que le premier essai de la rockeuse.
La première question que je me pose lorsque je vois un artiste mettre quatre longues années à sortir un nouvel album est en général : "cette durée inhabituelle pour accoucher d'une nouvelle oeuvre laisse-t-elle présager d'un travail exceptionnel, basé sur une remise en question de l'orientation musicale de l'artiste ?" ; un peu comme certains qui aiment à déclarer que leur prochaine oeuvre sera l'aboutissement d'un long travail difficile de réflexion quasi-métaphysique sur le sens de leur art, etc, etc...
Jasmine Cain donne la réponse dès le premier morceau : non, elle ne s'embarasse pas de ce type de démarche et nous sert à nouveau un bon vieux rock des familles à base de riffs bien gras et surtout bien inspirés. Le ton est clair : quelques arpèges à la guitare pour laisser le temps de se caler dans son fauteuil et c'est parti pour l'envoi de la sauce ; tout le monde debout, ça riffe bien lourd !!!
Et moi, comme un bon gros Hells Angels tatoué sur sa Harley, je me dis que je vais encore passer cet album en boucle à fond pendant les trois semaines qui viennent.
Mais il y a malheureusement un problème : d'accord, c'est du bon vieux rock à n'en pas douter. C'est même très bon. Mais cela souffre un peu de la comparaison avec le premier opus. Personnellement, je m'attendais à une débauche d'énergie comme précédemment et j'espérais même qu'on laisserait de côté les moments plus calmes. Mais c'est l'option inverse qui a été choisie. Déjà le premier morceau se termine sur une note moins puissante que le début, signe d'un assagissement certain. Et avec l'intro de Fade, on se positionne clairement sur des choix de morceaux plus construits, certes, mais moins directs dans leur effet. C'est bon mais ce n'est pas ce que j'attendais personnellement.
Ajoutons à cela des pauses beaucoup plus nombreuses que dans The Inside ("Enigma" et "Time Is Borrowed" sauvés tous les deux par leur fin moins axée sur les sentiments, "Give Me Love" et "Close My Eyes" beaux à en pleurer mais peu à leur places) et il est clair que ce Locks & Keys fait bien sage devant The Inside.
Alors je me fais ma playlist avec les seuls morceaux vraiment rock, à savoir "Untouchable", "Whiskey Kiss" et "Frostbite", je pousse le volume à fond et, cheveux au vent, je fonce à travers les déserts du sud des States pour rejoindre la demoiselle et lui dire que la prochaine fois, faudra me refaire le coup de l'album qui sent bon l'huile de moteur et la bière.