Après l’excellentissime The Wild, The Willing And The Innocent, la bande à Phil se devait de rester concentrée sur son sujet afin de ne pas laisser retomber le soufflet magnifiquement concocté avec ce mémorable opus. On prend donc les mêmes et on recommence puisque l’alchimie fût plaisante et on remet une fois de plus sur le métier son nouvel ouvrage de Hard Rock Mélodique.
A propos d’ouvrage, autant la pochette de The Wild… était riche, autant celle de Mechanix est dépouillée. L’effet recherché semble correspondre aux panneaux de sécurité d’antan, annonciateurs de danger, que l’on trouvait dans les usines. Réussi dans le genre, mais un peu piteux comme fond d’écran…
Il est temps de passer en revue, si le cœur vous en dit, ce dixième disque du groupe.
Pour commencer le festin, goûtons à The Writer et sa succession de soli de synthé, de guitare et de saxo, morceau où la trame mélodique est étonnement tournée vers le bon vieux Rock’n Roll des familles, particularité que l’on retrouve dans le titre suivant, Something Else, avec encore plus d’évidence. Normal, l’auteur en est Eddy Cochran et c’est une reprise plutôt inspirée où le saxo se taille une part de choix.
Back Into My Life est une ballade complètement dans le ton des productions d’UFO. Mélodie aux petits oignons, chœurs féminins bien sentis et solo sensible.You'll Get Love est plutôt lourdingue sur ses couplets, son refrain n’est pas exceptionnel, mais Chapman fait parler sa technique sur le solo et permet à l’affaire de mériter une certaine attention.
Doing It All For You qui démarre un peu balourdement, s’envole au bout de 30 secondes vers des cieux hyper-mélodieux avec notamment des breaks agréables à l’instant du refrain et surtout sur l’attaque centrale du morceau qui déploie une rythmique rentre-dedans et un solo énorme de Chapman. Ajoutez à cela une fin monumentale, éclaboussante d’harmonies de guitares charmeuses et vous aurez-là un des hits de l’opus.
A peine le temps de respirer que la fusée Mechanix est lancée, et vous êtes alors compressé par l’énorme riff d’attaque de We Belong To The Night (certainement le plus explosif qu’ait pondu UFO). Vous resterez abasourdi par la magnificence du refrain puis demeurerez désolés d’avoir manqué ce monument fédérateur joué en live !...Ha ?...y’en a des qui y étaient ?...bienvenu au Club alors !...Quasiment fusionné à ce titre déboule alors THE morceau mélodique de l’album. Let It Rain est une perle du genre et son refrain est d’exception ! Franchement, ne passez pas à côté car dans le genre, c’est la perfection.
Allez, puisque Scorpions récolte des lauriers grâce à ses slows et que The Wild…avait accouché de l’énormissime Profession Of Violence, pourquoi ne pas tenter à nouveau le coup ! Terri sera celui de cet opus et, même s’il n’atteint pas les sommets du suscité, il n’en demeure pas moins d’une beauté imparable. Feel It est certainement le titre le plus neutre de l’album, mais quelques passages mélodieux (l’avant solo central, le final) maintiennent le morceau hors de l’eau.
Dreaming démarre à 200 à l’heure dans un maelstrom mélodieux impressionnant. Dès le départ, nous savons, sans en douter une seule seconde que nous sommes en présence d’une chanson énorme et nous ne nous trompons pas. Voici le titre le plus implacable du disque. Ultra-entraînant, étincelant de mélodies et doté d’un final apocalyptique où les guitares ravagent tout sur leur passage, soutenant dans une harmonie parfaite, les lignes de chants de Mogg, elles-mêmes bordées de chœurs fantastiques.
La version Remaster du disque comporte un onzième titre nommé Heel Of A Stranger, tout à fait dans le ton de l’album avec sa généreuse base mélodique. Le solo de gratte est un ton en dessous de ce que Chapman est capable de faire et la batterie quelque peu métronomique, mais ne boudons pas notre plaisir car le morceau tient fort bien la route.
Voilà donc, une fois de plus, un bon album d’UFO, un tantinet inférieur à The Wild, The Willing And The Innocent sur l’ensemble, de par ses quelques faiblesses (notamment les deux premiers titres un peu trop tournés vers le passé du Rock) mais tout de même juché sur les hauteurs de leur discographie grâce aux monuments que sont We Belong To The Night, Dreaming, Let It Rain et Doing It All For You. Prenez la peine de revenir sur cette œuvre de Hard Mélodique des années 80. UFO a bien moins percé que Scorpions, Michael avait en cela fait un choix moins futé que Rudolph, mais Papa Schenker a dû malgré tout être bien fier de ses deux rejetons. Quant à l’OVNI, il aurait mérité tellement mieux…