Pour ceux qui ne connaissent pas Barclay James Harvest, BJH pour les intimes, il s’agit d’un groupe d’origine anglaise dont le succès fut long à se dessiner dans nos contrées mais qui a emporté en Allemagne un véritable triomphe (Cf. Chronique de « The Turn Of The Tide »).
Le présent album est le premier d’une longue série. Sorti en 1970, difficile de lui en vouloir de nous rappeler (les plus anciens comprendront, les autres devineront aisément) des ambiances pour le moins Flower Power.
Pour un premier enregistrement, BJH a bénéficié des studios d’Abbey Road, d’un double système 8 pistes et d’un grand orchestre. Résultat satisfaisant pour ce qui est de la qualité, compte tenu de l’époque. A noter aussi pour l’anecdote la présence de Jim Litherland qui apparaît sur Taking Some Time On en ‘Guest Star’ (il était le guitariste de Colosseum).
Le premier titre qui nous est proposé est typique de l’influence que pouvaient avoir les Beatles sur beaucoup de groupes à cette période. Taking Some Time On a des accents ‘Sergent Pepper’ indéniables. John Lees nous gratifie de soli de guitares doublés avec un son qui restera le sien une grande partie de la carrière de BJH.
Mother Dear, titre sans batterie, renferme un véritable concentré de Barclay James Harvest. La mélodie, l’orchestration (première apparition de l’orchestre) sont dans la veine de ce que fera le groupe pendant 20 ans.
The Sun Will Never Shine a lui aussi le son, les arrangements et la ligne de chant si caractéristiques de ce groupe. La maturité de ces jeunes musiciens est étonnante (ils ont 21 et 22 ans lors de l’enregistrement). Que dire de When The World Was Woken, avec ses interventions d’orgue à la Procol Harum ? L’orchestre alourdit un peu un morceau qui devient mielleux alors qu’il a le potentiel pour être un grand titre.
Good Love Child sonne presque comme un intermède dans cet ensemble. C’est un rock à la BJH. Ils en feront d’autres, mais ce style n’est pas le leur, indéniablement. The Iron Maiden revient sur des terres plus connues, à l’image de Mother Dear.
Attention, tout n’est pas de très haute tenue dans ce premier jet, mais plus que le détail, c’est le moule de l’ensemble qui est à retenir dans ce Barclay James Harvest. En premier lieu la musique, mais aussi le concept BJH, écologiste, humaniste, ‘Peace and Love’ qui est déjà fortement présent. La pièce épique finale, Dark Now My Sky, longue de 12 minutes, est inspirée par un livre de Rachel Carson (The Silent Spring) qui traite de la destruction de l’environnement par l’homme. Cette composition est ambitieuse dans sa construction et dans sa réalisation avec l’utilisation importante du grand orchestre. Et le résultat est sans conteste ce qu’il y a de mieux dans cet album. Les thèmes sont moins directs (plus ‘Progressive Rock’ diront certains), l’émotion plus présente.
Barclay James Harvest et cet album éponyme ne font pas une entrée fracassante dans le monde du disque, mais marquent leur territoire avec une expérience insoupçonnable chez des musiciens de cet âge. Ils ont de plus la bonne idée de terminer le disque avec un morceau de pur bonheur, ce qui laisse une impression générale positive. En l’occurrence méritée, malgré les imperfections.