Trois ans. Il aura fallu trois longues années pour que les frères Knappe donnent enfin suite à leur chef d’œuvre « Existence ». Trois années que les fans de ce dernier opus attendent avec fébrilité. Seront-ils récompensés à hauteur de leur patience ?
Autant rassurer de suite ces derniers, « Grave Human Genuine » est dans la continuité de son glorieux aîné à savoir une musique sombre teintée d’une extrême mélancolie. Mais comme l’instrumental introductif le laisse supposer « Grave Human Genuine » ne sera pas l’immersion totale dans l’univers triste de Dark Suns que pouvait être « Existence ».
En effet, l’ensemble n’atteint pas les sommets d’émotion rencontrés sur « Existence » en raison d’un manque de cohésion général et plus particulièrement au moment des morceaux expérimentaux que sont « Amphibian Halo » - titre expérimental entêtant aux sonorités électros - ou plus encore « The Chameleon Defect » qui pousse encore plus loin les limites de l’expérimentation avec ses multiples thèmes déstabilisants. A cet égard, l’approche des allemands peut s’apparenter à celle de leurs compatriotes de Disillusion qui avaient déstabilisé une frange de leurs fans avec l’expérimental « Gloria » voire même celle de Wolverine et du décousu « Cold Light Monday » ne lui permettant pas d’être l’ultime voyage tourmenté espéré.
Mais comme tout le monde le sait, nous sommes extrêmement exigeants vis à vis de ceux en qui nous croyons le plus et c’est le cas de Dark Suns. Il en ressort que notre très sévère exposé est fort heureusement largement compensé grâce à des titres qui, pris dans leur individualité, sont de véritables bijoux de métal progressif torturé à l’instar d’un Pain of Salvation. Et ce n’est pas par hasard que Dark Suns en recherche d’un bassiste a fait appel à Kristoffer Gildenlöw pour l’enregistrement de cet opus. Le parallèle prend toute sa dimension au niveau du chant de Niko Knappe qui pousse le mimétisme jusqu’à son paroxysme en reprenant les chuchotements et les phrasés chers à Daniel Gildenlöw, saupoudrés de growls en arrière plan forts bienvenus entre chaque changements de tempo rappelant les origines death de Dark Suns (à ce titre et pour étayer la comparaison en préambule, soulignons que ces derniers sur "Flies Amber" sont tenus par Vurtox de Disillusion).
Au-delà de cet aspect conceptuel et relatif à l’homogénéité d'un ensemble moins abouti que son magique prédécesseur, « Grave Human Genuine » est une belle réussite tant les magnifiques titres envoûtants comme « Free of You », « Rapid Eyes Movement » ou « Thornchild » emporteront l’adhésion de tous les fans de « Existence ». Au final, Dark Suns remplit partiellement sa mission avec ce très bon « Grave Human Genuine » qui ne souffre que d’un réel défaut : celui de succéder à un chef d’oeuvre.