Une année après son premier album, le Projet Alan Parsons se lance dans sa deuxième aventure. Si "Tales of Mystery and Imagination" a marqué les esprits par sa présentation assez symphonique (avec grand orchestre), le duo Woolfson - Parsons va choisir de s’éloigner un peu de cette philosophie pour présenter un album plus accessible - et peut être plus à même de toucher un large public.
Et de fait, "I Robot" (titre emprunté au fameux roman d’Asimov) est un album de transition. Les tendances largement orchestrales sont encore présentes ('Breakdown', 'The Voice', 'Total Eclipse', 'Genesis' ... ) avec des clins d’œil vers Klaus Schulze ou Brian Eno, voire vers Ligetti (l’auteur d’une des musiques de "2001, Odyssée de l’Espace"), donc dans un registre assez planant qui ne sera entendu dans aucun autre album d’APP. Les thèmes vocaux sont encore un peu “faciles”, beaucoup moins porteurs d’ambiances qu’ultérieurement, mais commencent à intégrer des parties instrumentales qui servent de développement, comme dans 'Don’t Let it Show' ou 'The Voice' avec son break quasi R'n’B faisant penser au thème de "Shaft".
De même les chœurs, qui sont une des forces d’APP, sont encore imparfaitement utilisés (très Beatles dans 'Breakdown' ou 'Some Other Time', par exemple). Mais surtout, l’auditeur remarque l’apparition de passages musicaux électroniques qui seront une des marques de fabrique du groupe : j’en veux pour preuve l’intro de 'I Wouldn’t Want to be Like You', très en avance sur son temps (on dirait du Ayreon !) et surtout l’énorme 'I Robot' d’ouverture, prototype de l’instrumental signé APP, avec sa solide base de séquenceur synthé, ses chœurs féminins aériens et son empilement d’arrangements rythmiques.
"I Robot" est donc un album d’ébauches, mais des ébauches très réussies quand même ! "Pyramid", qui suit, sera l’album de la consécration du style pressenti ici.