Alors que le premier album a dépassé le stade du succès d’estime et qu’une tournée est bookée, Bon Jovi met les bouchées-doubles pour finaliser son deuxième opus en compagnie de Lance Quinn. Intitulé « 7800° Fahrenheit », température d’un volcan en éruption, cet album reste celui dont le groupe est le moins fier, ainsi que le plus sujet à controverse auprès des fans du gang du New Jersey.
C’est pourtant sur une triplette de grande qualité que s’ouvre notre écoute. Ainsi, « In And Out Of Love », premier single de l’album composé en 10 minutes dans un escalier (dixit Jon) et « Price Of Love » déroulent leur hard FM mélodique et dynamique doublé de refrains immédiats, tandis qu’ « Only Lonely » œuvre plutôt dans un Aor au tempo soutenu où Richie Sambora nous déverse un de ses solos dont il a le secret, à la fois technique et sensible. Là aussi, le refrain est imparable, étoffé par des chœurs parfaitement utilisés en soutien. Ces qualités mélodiques et entraînantes se retrouveront plus loin sur l’album avec des titres tels que « Always Run To You » ou « Secret Dreams ».
Malheureusement, la route pour atteindre ces titres est d’une qualité inégale. Ainsi, Bon Jovi échoue à vouloir durcir le tempo sur un « King Of The Mountain » qui tourne rapidement en rond ou sur un « (I Don’t Wanna Fall) To The Fire » qu’un refrain obsédant et une rythmique tribale n’empêche pas de devenir relativement pénible. D’autre part, si la ballade « Silent Night » laisse entrevoir les futures qualités du combo pour cet exercice dont il deviendra un spécialiste incontournable, elle n’en reste pas moins sirupeuse, alors que Jon devient mielleux à trop vouloir en faire. Seul le solo de Richie vient temporairement illuminer ce titre. Enfin, le bon riff FM mélodique de « Hardest Part Is The Night » est plombé par des chœurs bien trop naïfs qu’un refrain efficace n’arrive pas à sauver complètement. Perdu au milieu de tous ces titres au potentiel gâché par de trop nombreuses errances, « Tokyo Road » jaillit tel un éclair après une introduction en japonais délicatement dédiée aux fans du pays du soleil levant. Doté d’un riff tranchant et d’un refrain cinglant, il est étoffé par un excellent solo suivit d’un break parfaitement dosé pour recréer l’ambiance avant le déferlement final. Voici, sans aucun doute, le point culminant de cet album.
Ainsi, si cet album recèle quelques pépites de Hard FM US du meilleur cru, ces dernières ont malheureusement du mal à contre-balancer la déception provoquée par certains titres plutôt moyens. La suite montrera qu’il s’agissait en fait d’une étape nécessaire à Bon Jovi pour passer du statue d’espoir à celui de référence du style. De plus, le professionnalisme dont le groupe fait régulièrement preuve en live lui permettra d’adoucir les réactions provoquées par la sortie de cet album que nous qualifierons de moyen et d’irrégulier.