On ne vous fera pas l’affront de supposer que vous ne savez pas qui est Marty Friedman… En bon amateur de trash métal et de guitar heroes de la fin des années 80, vous ne serez pas passés à côté de cet astiqueur de manche au physique intemporel : longue chevelure permanentée (au moins deux mètres de longueur les cheveux mouillés), amoureusement entretenue avec de bons shampoings (par ce qu’il le vaut bien le petit Marty), veste à patches, jean serré avec poutre apparente, tous les clichés du genre avec malgré tout une attitude assez réservée.
‘Exhibit A’ est le premier live solo de Marty. Pour cette expérience inédite, le guitariste particulièrement adulé par l’auditoire nippon a décidé d’éditer deux volumes : ‘Exhibit A’ et ‘Exhibit B’. Le premier est un live enregistré en Europe en avril 2007 durant la tournée suivant la sortie de son dernier album ‘Loudspeaker’, le deuxième a été enregistré au Japon et a fait l’objet d’un DVD.
Tout le long de sa déjà longue carrière (malgré son physique qui nous ferait jurer qu’il n’a pas plus d’une vingtaine d’années), Marty a évolué dans des registres assez variables, avec la virtuosité comme dénominateur commun : il y eut d’abord l’époque Cacophony avec l’inégalable Jason Becker et des compositions qui ont marqué des générations de guitaristes au fer rouge (‘Speed Métal Symphony’, ‘Go Off’), Marty a ensuite continué en solo avec son excellent ‘Dragon’s Kiss’. C’est lorsque Marty est recruté par la bande à Mustaine comme soliste de Megadeth que la production solo de ce premier s’adoucit quelque peu, comme pour contraster avec les décharges d’énergie que lui procure son travail dans la formation de trash (avec notamment le cultissime ‘Rust in Peace’). Sortent alors ‘Scènes’ et ‘Introduction’, suivis du popisant ‘True Obsessions’. Après le split de Megadeth, il revient sur le devant de la scène en solo avec ‘Music for Speeding’ et tout récemment avec ‘Loudspeaker’. Avec ces deux albums, Marty revient à une musique plus énergique et directe, avec des riffs puissants, des solos incisifs et un son très punchy. C’est typiquement le genre de musique à écouter en voiture, à fond, les fenêtres ouvertes…
Avec 16 titres, Marty fait ici la part belle à la dernière partie de ses œuvres solo, avec un propos musical plus hard rock et brut que ce qu’il a pu faire au début de sa carrière solo ou bien au sein de Cacophony. Il s’est entouré pour l’occasion de Jeremy Colson à la batterie (Steve Vai Band), Ron Jarzombek à la guitare (Blotted Science, Watchtower) et Chris Catero à la Basse (Razer) : l’équipe fonctionne bien et ça envoie carrément la purée dans tous les sens : C’est qu’ils en font du bruit à eux quatre !
Après une intro rappelant brièvement un thème de l’album ‘Dragon’s Kiss’ (la rythmique de ‘Anvils’ sera également reprise à un autre moment du live ainsi que le titre ‘Thunder March’), Elixir’ ouvre la bal en trombes pour nous décrasser irrémédiablement les oreilles. Plusieurs morceaux sont de cet acabit : ‘Gimme a dose’, ‘Street Demon’, ‘It’s the unreal Thing’, ‘Fuel Injection Stingray’… Les morceaux sont souvent très speed, sortant tous d’un moule assez identique, certains phrasés sont très typés shred et noient parfois la cohérence des morceaux… Beaucoup de titres se ressemblent donc et il est parfois difficile de discerner clairement certains riffs… Au niveau du son, la recette retient très peu de sons clairs, pas d’acoustique : que du lead bien gras, beaucoup de sons différents avec un peu trop de brillance à mon goût.
Avec l’enchaînement ‘Tibet’ et ‘Angel’, Marty renoue avec ses influences orientales développées dans sa période ‘Scènes’. Pour finir, il se fait plaisir avec une reprise de ‘Houng Dog’ de Presley en poussant la chansonnette. Ça le fait bien ! C’est d’ailleurs étonnant d’entendre le timbre de voix de ce personnage qui a plutôt l’habitude de s’exprimer avec sa guitare : c’est qu’il a une voix très virile cet homme là !
Si vous voulez donc vous prendre une bonne dose d’énergie à la sauce guitare, ce live se révèlera très efficace. Ça doit vraiment déménager sur scène avec des musiciens qui assurent au niveau de la mise en place. On pourra cependant regretter qu’aucune composition de Cacophony n’ait été interprétée. En ce qui concerne le choix entre les deux versions du live, je pense que ce type de musique gagne a être vue : la version DVD (‘Exhibit B’) pourrait ainsi satisfaire votre curiosité visuelle en même temps qu’elle contentera vos oreilles.