Au début du 18ème siècle, Vivaldi a écrit les 4 saisons avec le succès que l’on sait (les répondeurs téléphoniques nous ont longtemps fait patienter avec le printemps). Au début du 21ème siècle, un autre Italien, Fabio Zuffanti, décide de remettre en musique les 4 saisons. Il nous livre aujourd’hui, avec la formation Hostsonaten, un nouveau jet de ce projet.
Hostsonaten (dont le nom est directement inspiré d’un film d’ingmar Bergman) est donc un Side-project du prolixe Fabio Zuffanti, bassiste de Finisterre. Outre Finisterre, chacun pourra se repaître de sa musique avec La Maschera di Cera, Aries ou autres formations telles quadraphonic et LaZona. Hostsonaten est un groupe qui, bien que semblant stable sur les 3 premiers albums, n’a pas de membre fixe si ce n’est son fondateur. Longtemps Finisterre en fut l’ossature, mais avec cette quatrième mouture, l’évolution est plus importante que lors des 3 premières. Si évidemment Fabio Zuffanti assure la basse, mais aussi les guitares acoustiques, il est accompagné de Maurizio Di Tollo à la batterie, Alessandro Corvaglia et Roberto Vigo aux claviers, du fidèle Edmondo Romano aux instruments à vent et de Matteo Nahum à la guitare.
Winterthrough est le troisième volet de la tétralogie en cours évoquée plus haut (SeasonCycle Suite) dont le quatrième volet était Springsong, précédent ouvrage de Hostsonaten datant de 2002. Les volets N°1 (Summereve), et N°2 (Autumnsymphony) viendront plus tard. C’est donc l’hiver qui est traité cette fois-ci.
A l’instar de Springsong, ce disque est un instrumental dans lequel on retrouvera 2 récitatifs en italien.
Entering the Halls of Winter ouvre cette véritable symphonie de 46 minutes. Un thème d’ouverture parfaitement adapté à l’hiver, mais pas à sa froideur. Une montée en puissance autour d’un piano nostalgique, laissant rêveur comme au coin du feu. Le mellotron, les cuivres et la clarinette donneront tour à tour pour le plus grand plaisir des oreilles. Du pur Prog Symphonique.
Chacun retrouvera tout au long de ce Winterthrough des ambiances lui rappelant des moments de sa vie. Comme si la musique avait pris notre journal intime comme source d’inspiration principale. Evidemment, d’autres courants coulent dans les veines de Fabio Zuffanti et ses acolytes, comme le son de guitare qui penche parfois du côté de chez IQ (donc un peu de chez Steve Hackett), ou le saxo qui nous ramène à l’ère de King Crimson, dans un Over the Plain aux consonances jazz.
A l’image d’un Snowgoose de Camel (une référence dans le genre), la mélodie est toujours accessible. L’absence de chant est ainsi compensée par des points de repère, comme dans The Crystal Light. Dans ce titre, le texte parlé vient faire office de solo, le thème instrumental reprenant comme le ferait un chanteur, ad Lib.
Winterthrough est constitué de 10 morceaux dont 3 seulement dépassent les 4 minutes. Cette concision permet d’éviter l’ennui qui menace dans ce type d’exercice. Outside, à la rythmique très Genesissienne, en est le parfait exemple. Quant au petit thème de Ruins, il nous laisse lui aussi avec cette belle sensation, sans lassitude. L’accordéon de Through Winter’s Air nous amène directement vers la suite finale Rainsuite, pièce majeure de cet album. Cette dernière est une pièce Prog symphonique dans la lignée de Entering the Halls of Winter, avec un enchaînement de thèmes aux orchestrations variées, et un final (To the Open Fields) qui reprend les arpèges de guitare de l’ouverture de Springsong (In the Open Fields), qui, rappelons-le, est la suite de Winterthrough. La richesse des mélodies, l’utilisation d’une large palette d’instruments, et la sobriété de jeu des musiciens concourent à nous laisser pensifs après les dernières notes de cette suite de 12 minutes. L’envie de la réécouter se fait sentir… Bon signe, non ?
J’ai goûté à l’univers de Hostsonaten pour la première fois avec cet album et bien m’en a pris. Le cycle des saisons qu’a entreprit Fabio Zuffanti risque de prendre longtemps s’il attend encore 6 années avant l’Automne, et c’est bien dommage. Peu adepte des œuvres totalement instrumentales, j’ai néanmoins apprécié celle-ci car elle évite les écueils du genre et offre une palette d’émotions sans lesquelles le projet n’aurait aucun sens.