3ème effort du quintet suédois ayant accédé au statut de pointure du Death Metal après 2 opus devenus des références dans le genre. La sortie de « Massive Killing Capacity » confirme la difficulté à passer le cap du 3ème album.
1995, le boom scandinave qui eut lieu fin des années 80s début des années 90s s'essouffle quelque peu. Certains s'embourbent dans leur style pour ne plus jamais en sortir par la suite et tourner en rond jusqu'à ce que plus personne ne se rappelle de leur existence. D'autres changent radicalement de direction et perdent l'estime de leurs premiers fans, tout du moins les plus radicaux. Pour exemple flagrant et pour ne citer qu'eux, Entombed qui entame un virage à 180° avec « Wolverine Blues » et son Death n'roll groovy...
L'artwork de la pochette ainsi que le titre sont digne d'un Bolt Thrower époque « Realm of Chaos ». Voilà qui donne un premier rapport avec l'objet plutôt prometteur, sentiment rapidement passé dés l'écoute de "I Saw Them Die" qui ouvre le bal.
L'évidence nous saute tristement aux oreilles : Dismember est en perte substantielle de vitesse. Et ce sentiment se confirmera tout au long des 11 pistes qui composent l'album. Les riffs restent typiques au groupe certes ; peut-être le succès de « Dreaming In Red », le fameux titre phare mélodique de « Indecent & Obscene » qui a cartonné sur MTV y est pour quelque chose, en tout cas nos gaillards s'acharnent à nous proposer des compo dans la même veine, à savoir très mélodiques et mid tempo pour la plupart.
Néanmoins l'inspiration semble absente et cette fois la mayonnaise ne prend pas. Un certain fatalisme gagne peu à peu l'auditeur dans l'attente d'un titre accrocheur qui ne viendra jamais. La production est très soignée, tout y est parfaitement audible, quitte a malheureusement perdre un élément jusqu'alors essentiel à la recette Dismember : la spontanéité.
Estby a d'ailleurs un meilleur son de batterie, l'erreur rencontrée sur « Indecent & Obscene » n'est pas répétée. Mais l'ensemble manque réellement de basse et de puissance.
Les quelques accélérations (« Wardead ») restent trop rare. Blomqvist est moins inspiré dans ses soli, Kärki perd un peu de sa rage dans ses vocalises ; l'électrocardiogramme n'est pas loin du plat.
Attention, cet album n'est pas foncièrement mauvais, mais Dismember nous a tellement habitué au fantastique que l'attente devient alors plus exigeante. La tentative d'évolution opérée sur ce disque n'a fait que rendre l'ensemble apathique et au final dispensable malgré de bons éléments.
Là où Carcass a su négocier un virage dangereux en intégrant dans sa musique des éléments Heavy tout en sachant garder une énergie caustique palpable, Dismember s'est cassé les dents sur le panneau de signalisation en se ramollissant du genou.
Les chiens ne font pas des chats et ceux qui se plaignent que nos suédois nous servent la même recette depuis des années devraient se rendre à l'évidence : peut-être que tout simplement ne savent-ils pas faire autre chose? Moi, du moment qu'ils le font bien, je ne vois pas où est le problème!