C’est dans une période de transition que le guitariste Steve Stevens sort en 1989 son premier album solo, Atomic Playboys. L’aventure Billy Idol prend fin (momentanément) une année plus tôt et Steve Stevens ne sait pas encore qu’il va être embauché par Vince Neil (Mötley Crue) pour son album Exposed en 1993. Pendant cet interlude Stevens va peaufiner son album sur lequel apparaît le chanteur Perry McCarty.
Pas de recueils de titres instrumentaux aériens comme Satriani en abreuve le monde entier pendant ces années 80. Stevens reste dans la mouvance qui est la sienne depuis Billy Idol, à savoir des compositions en majorité glam-rock avec une valeur ajoutée qui sera la signature de Stevens dans les soli et les parties instrumentales. Les morceaux sont rythmés et mélodiques et la parenté avec Van Halen est parfois manifeste (« Soul On Ice », « Pet The Hot Kitty ») autant dans les harmonies de voix que les effets et bruitages de guitare.
L’album ne serait donc qu’un album de glam de plus s’il n’y avait pas les interventions lumineuses de Stevens parsemées dans tout l’album. Petit exemple, l’intro et l’outro de « Crackdown ». C’est presque évident mais il fallait y penser et ça donne beaucoup de densité au morceau. A l’instar d’un Extreme qui pouvait se permettre d’élargir son vocabulaire musicale allant du funk à la musique de cabaret en passant par le métal plus traditionnel, Steve Stevens nous adjoint quelques touches qui amènent un bon bol d’air frais avec l’instrumentale « Run Across Desert Sands » très flamenco (style fort affectionné par Stevens) et très réussie ou cet ovni difficilement classable qu’est « Woman Of 1,000 Years ». Au milieu de cette déferlante hard rock c'est parfois David Lee Roth (« Evening Eye ») qui vient à l'esprit pour l’originalité des compositions ou la griffe de Winger pour la belle ballade « Desperate Heart ». L’ajout de cuivre dans « Power Of Suggestion » est très bien amené et diversifie un album définitivement éclectique. Les soli sont brillants (« Soul On Ice », « Slipping Into Fiction ») comme il fallait s’y attendre de la part de Stevens.
Perry McCarty a le timbre et le grain du chanteur de hard mélodique typique des années 80, ce qui en fait un vocaliste ni mauvais ni exceptionnel (d’ailleurs assez discret dans le milieu). La batterie de Thommy Price est linéaire et aussi très marquée par le son de cette période. Tout ça pour dire que cet album est la vitrine de Steve Stevens et que les extravagances des acolytes sont relativement et logiquement bridées.
Les compositions pourront paraître un peu datées dans le style, même remarque pour les claviers, le son de batterie et la production (estampillée Beau Hill ) mais il reste une énergie intacte et une belle brochette de riffs bien efficaces. Il ne faut pas oublier que cet album a près de 20 ans au compteur et qu’une grande quantité de productions de cette époque a bien moins vieilli que Atomic Playboys. Le risque est de ne découvrir cet album que maintenant en ayant en mémoire tout ce qui a été fait depuis et en pensant que cet album n’a pas grande originalité. Ce serait se tromper...