Créée dans les années quatre vingt dix, Siena Root est une formation suédoise dont la réputation va grandissante au rythme de ses sorties discographiques. Les prestations scéniques dispensées par le groupe au gré de plusieurs festivals européens (Roadburn Festival aux Pays-Bas et le Krach Am Back en Allemagne) ont permis de renforcer cette notoriété. La confirmation de sa participation au Woodstock Open Air (également en Allemagne) prévu en mai 2008 est une autre bonne aubaine pour Siena Root.
Une remarque qui peut se révéler intéressante à propos des premiers albums de Siena Root distribués par le label Nasoni Records : ils sont disponibles aussi bien en version CD que LP (même double LP couleur pour le premier opus intitulé "New Day Dawning"). Ces quelques révélations permettront peut-être de mettre sur la voie quant à l’épanouissement musical dans lequel Siena Root trace son sillage. Allez, un petit effort… Woodstock et 33 tours colorisés ne sont pas sans rappeler une période bien particulière du siècle dernier, située une trentaine d’années avant l’an 2000.
Les sacro-saintes "Seventies" sont une nouvelle fois remises au goût du jour avec cette nouvelle production de Siena Root, "Far From The Sun". Le titre évocateur, l’illustration entièrement dans la mouvance de cette époque, le look des musiciens sont autant d’éléments qui lèvent les doutes substantiels concernant le style imposé par ce combo. C’est même plus précisément la période charnière fin soixante début soixante dix qui se répand tout au long de "Far From The Sun". Le son de cet album marque également un véritable retour aux sources. Volontairement rustique et sans fioritures (surtout sur les vocaux), il permet de garantir à Siena Root une authenticité digne des productions majeures issues de cette ère synonyme d’épopées novatrices.
Evidement, les influences de Siena Root ne dérogent pas à cette époque, d’autant plus avec l’utilisation d’instruments tels que l’orgue Hammond, la flûte, l’harmonica et également le sitar. Mais c’est bien le hard rock qui est mis au premier plan sur "Far From The Sun", surtout avec la basse (Rickenbaker, modèle utilisé entre autre par Roger Glover de Deep Purple) de Sam Riffer qui apporte au "Siena Root Sound" une puissance non négligeable. La complémentarité avec la guitare volubile de KC West procure aux neuf compositions de cet opus une solide assise non dénuée de mélodies.
D’ailleurs, "Dreams Of Tomorrow" ouvre la voie sur un riff lourd qui n’est pas sans évoquer le feu guitariste de Free, Paul Kossof. Même la voie de Sartez se confine aux intonations d’un certain Paul Rodgers. Ce morceau aurait pu figurer sans pâlir sur "Fire And Water". Une atmosphère plus psychédélique (notes de sitar obligent) se fait plus ressentir avec "Waiting For The Sun". Le B3 vrombit sur l’introduction de "Time Will Tell", illuminé par les interventions blackmoriennes de KC West. Plus alambiqué et bluesy notamment sur la partie centrale et le finish, "Almost There" fait vibrer au contact des lignes de basse particulièrement appuyées, tout en restant harmonieux et mélodique.
L’aura de Grand Funk Railroad, très populaire aux Etats-Unis fin des années soixante, plane sur "Two Steps Backwards", avec une fois encore la basse toute en puissance jouée à la manière de Mel Schacher. L’harmonica souffle en abondance sur " Wishing For More" amorçant un retour vers un boogie/blues bien en verve. Un riff plombé à la manière de Black Sabbath se cale en guise d’introduction à "The Summer Is Old", morceau travaillé et mélodique où un solo de B3 énergique cède la place à une démonstration de batterie assez courte et efficace. L’interprétation haute en couleur de cette composition est finalement tout à fait représentative d’un état d’esprit sincère et généreux. L’instrumental "The Break Of Dawn" se fonde sur un schéma plus classique mais néanmoins fidèle aux inspirations de Siena Root. "Long Way From Home" tire sa révérence dans un climat beaucoup plus solennel, idéalement retranscrit par le biais de longues plages de B3 accompagnées d'une flûte toute en finesse. Ces consonances ne sont pas sans suggérer un autre grand groupe des années soixante/soixante dix, Procol Harum.
C’est donc tout en finesse que se termine "Far From The Sun" et le nombre assez important de noms célèbres cités n’est pas pour autant synonyme d’un manque de personnalité émanant de Siena Root. Cet album, sans être une pièce maîtresse en terme d’originalité, dégouline de feeling. Même si le magnétisme bien fondé des seventies est palpable sur tous les titres, ce combo suédois parvient tout de même à convaincre. Le voyage qu’il propose à travers "Far From The Sun" est digne d’intérêt et permet surtout de se représenter tout le poids musical émanant de ces fastes années déjà reléguées aux oubliettes pour bon nombre du commun des mortels.