On le pressentait avec les précédentes productions qui étaient venues chatouiller nos oreilles… Après deux premiers opus (hors démo) plus qu’encourageants mais qui n’avaient touché qu’une audience trop limitée faute d’une distribution digne de son statut, suivi d'une signature chez Season of Mist, Klone devrait enfin exploser au grand jour pour rejoindre leurs associés d’Hacride au rang de grand espoir international du genre et par là même définitivement confirmer qu’il existe bel et bien une scène extrême française emmenée par Gojira qui n’a rien à envier à personne et qu’au contraire le monde entier nous envie !
A ce titre, le parallèle avec le leader de cette nouvelle scène métal française s’arrête là. En effet, même si par le passé l’affiliation avec Gojira était justifiée, elle l’est nettement moins sur ce nouvel effort même si le paradoxe veut que les poitevins n’aient jamais été autant associables aux landais en raison de la participation de son leader Joe Duplantier sur le titre éponyme de ce « All Eyes Seeing ». Pour autant, classer la musique de Klone relève du défi, de l’exercice de style quasi-impossible ; death, atmosphérique, thrash, ambiant, postcore, grunge, pop, expérimentale, jazz, progressive… ? Toujours est-il que comme son nom ne l'indique pas la musique de Klone est inclassable ce qui ne l'empêche pas d'être toujours indéniablement inspirée et terriblement enthousiasmante.
Avec ce nouvel opus qui ouvre sur les harpes de « Candelight », on comprend très vite que l’on va être confronté à une nouvelle sensation inclassable terriblement addicitve ! Puis déboule le titre éponyme qui en déroutera plus d’un avec ses apports de saxophone ; point de départ d’un final hallucinant où tout y passe et notamment un final hypnotique avec les hurlements typiques de Joe Duplantier : énorme première sensation au compteur !
On sera envoûté par le triptyque « Promises » / « Hidden Ways » / « Freezing » avec comme fil conducteur cette harpe hypnotique thème central du magnifique instrumental « Hidden Ways »… A un moment, les mots ne suffisent plus pour exprimer toutes les émotions que peuvent procurer ces superpositions de nappes de harpes et ces enchaînements d’atmosphères claires/obscures que nous proposent les poitevins. On pourrait en dire tout autant sur « Empire of State » aux inspirations grunge, sur le death-thrash furieux « Chocked », sur l’ébouriffant final de « Last Breath », sur l’instrumental minimaliste envoûtant au xylophone de « Not the End » qui enchaîne sur un « Life Expectancy » tout aussi emballant, sur le fabuleux « Commonplace » dans la lignée de ses prédécesseurs mais sublimé par le saxophone final de Matthieu Metzger !
Comme on pourra le constater la grande force créatrice et déstabilisatrice de Klone est de pouvoir associer des influences apparemment incompatibles tout en recherchant de l’émotion. Le talent des musiciens y est pour beaucoup ainsi que l’apport de sonorités originales et du saxophone de Matthieu Metzger et surtout la présence derrière le micro du caméléon Yann Ligner au chant très proche de celui de son compatriote d’Hacride, Samuel Bourreau pour le côté hardcore, une touche de mélodie en plus...
Klone nous propose 12 morceaux de bravoure comme autant de travaux herculéens qui trouvent leur consécration dans « Nightime » pièce maîtresse ultime de plus de 12 minutes, véritable condensé des émotions éprouvées tout du long de cette sensation métallique ! En bref, un album tout simplement indispensable qui propulse enfin Klone a la place qu’il lui revient… Sur les devants de la scène à la vue de tous !