1992, le death metal en pleine effervescence créatrice s'est enrichi des oeuvres révolutionnaires de Morbid Angel, Atheist, Death, Suffocation, Cynic, Carcass, Pestilence, Nocturnus, etc… (j'en passe, mais des moins bons). Le genre a évolué, s'est diversifié et s'est finalement offert une réelle crédibilité sur le plan musical, le niveau technique atteint par certaines formations faisant taire les détracteurs les plus hostiles.
Le style devenait complexe, musical, beau parfois puis il y eut Incantation et ce « Onward To Golgotha » qui fit redescendre tout le monde de quelques étages. Loin de vouloir profiter des voies ouvertes par les novateurs suscités, le groupe plonge corps et âme dans un death metal gras et épais, un death obscur fait de riffs tournant sur des mélodies infernales, d'harmonies perçantes chères à l'autre culte puriste Immolation et d'une voix qui restera gravée dans l'histoire. Graig Pillard, vocaliste animal, ne hurle pas, sa voix est un long souffle ultra guttural laissant lentement glisser les mots blasphémateurs qui assombrissent encore l'édifice.
Cet album est une définition du Death Metal, pur, chargé de feeling, malsain et puant, enrobé dans une production sourde d'où chaque élément s'arrache douloureusement pour exploser dans les parties rapides, chaotiques, et tout broyer dans la masse ronflante des plans plus pesants, écrasants qui permettent au groupe de ne pas être aussi terne que les furieux du blast qui tentent de sévir actuellement.
Incantation n'est pas pressé, peaufine l'horreur et prend son temps. Le temps de mettre en musique la "magnifique laideur", dérangeante, de sa pochette. Le temps de semer dans chaque morceau quelques notes morbides d'une lead maladive et pourquoi pas de brefs et discrets sons synthétiques tirés d'un clavier n'ayant aucune prétention symphonique, juste la mission d'enténébrer encore un peu. Les structures sont variées pour que le son reste actif, les tempos sont variables pour que la surprise reste intacte, tout est mis en œuvre pour que l'auditeur soit continuellement agressé par cette puissance corrosive qui s'impose à lui.
« Onward To Golgotha » est une œuvre d'une pureté absolue défendue par des musiciens suffisamment compétents, investis et concernés pour faire vivre, ou mourir c'est selon, chaque parcelle sonore de cet opus d'anthologie. Le Death Metal ultime !