« Horrified » est certainement l'un des albums les plus sous estimés de toute la planète Métal. Enregistré en 1986 sous le titre « Slaughter Of The Innocent », il permit aux tapes traders du monde entier d'accomplir leur œuvre et se répandit ainsi dans les réseaux mondial d'un underground encore vaillant et vivace avant de sortir officiellement en 1989 sur le label Necrosis (sous-division d'Earache dirigée par Bill Steer et Jeff Walker soucieux de rendre à Repulsion ce qui appartenait à Repulsion !). L'influence de cet album qui fut en son temps le summum de ce que pouvait offrir le métal (véritablement) extrême est absolument énorme et des groupes fondateurs comme Napalm Death, Carcass, Morbid Angel et des dizaines d'autres se sont eux même basés sur le travail du groupe pour composer leurs premiers méfaits.
Repulsion pose donc brutalement ses fondations et insulte violemment la musique. Le blast chaotique est ici roi, presque incessant sur des riffs percutants, simples mais redoutables de pureté, le tout dégageant une sauvagerie qui a disparue de la quasi-totalité des productions actuelles devenues trop lisses.
Ici tout est cru. « Horrified » est sans pitié pour l'auditeur et nous rend nostalgiques de ces batteries naturelles n'ayant pas subies l'horrible "nettoyage numérique" offert par le trigge dont abusent les groupes aujourd'hui. La basse saturée, mis à part le fait d'avoir enfanté toute une génération de bassistes bovins adeptes de la 4 cordes qui craque (qui parle de Mortician ?), dresse un épais magma de distorsion collé au fond du mix rugueux que les guitares âpres affinent à peine. Emportées dans un déchaînement de plans énergiques et toujours terriblement efficaces, elles deviennent anarchiques quand la paire de gratteux se hasarde (sur chaque morceau quand même !!!) aux joies basiques du solo anti-mélodique incohérent et tourmenté.
Scott Carlson éructe sèchement ses lyrics tout droits sortis des cultissimes « Dawn Of The Dead » ou « Evil Dead » dont l'ambiance poisseuse et bêtement méchante est parfaitement retranscrite ici. La voix de Scotty (..) n'a rien du growl linéaire et sans âme, elle est beaucoup plus agressive, combative même (comme si l'homme, hostile, déclamait avec conviction les textes revendicatifs d'un groupuscule hardcore tatoué, féroce et belliqueux !). Cette façon de se placer fougueusement sur les riffs et de décocher farouchement les refrains fera école chez les plus grands : il n'y a qu'à écouter David Vincent débiter « Maze Of Torment » pour s'en convaincre, je parle ici du bassiste chanteur de l'Ange Morbide, pas du chanteur en jupette qui sévit actuellement dans Genitorturers et dont on annonce actuellement le retour plein d'opportunisme chez un Ange Déchu qui se raccroche aux branches pour éviter la chute...bref.
« Horrified » fleure bon le passé, quand l'extrémisme musical n'était pas encore totalement contrôlé et qu'il était l'œuvre de "musiciens" aventureux, pionniers n'ayant pour autre ambition que celle, déjà fort louable, de défricher un terrain qui sera par la suite piétiné par des centaines d'opportunistes sans génie. Malgré ses 22 ans, cet album référentiel n'a rien perdu de sa fougue et enterre encore bon nombre de newbies élevés à l'ultracisme sonore convenable et poli. A posséder d'urgence !!