Voici un groupe qui ne cherche pas à faire dans le compliqué en ce qui concerne son imagerie. Que cela soit le nom du groupe, le titre de l’album ou sa pochette, tout renvoie, sans doute possible, vers la culture Nord-Améridienne. Une étude un peu plus approfondie de l’historique de ce groupe, basé sur les bords du Bassin d’Arcachon, nous apprend qu’il est composé de Thierry Sorondo, ancien guitariste de High Power et de Laurent Brun-Lafferrere dont la particularité est de s’être immergé dans la culture des sioux Lakotas en en apprenant les us et coutumes directement de deux membres de cette communauté. L’objectif de ces deux musiciens étant de créer un nouveau style musical intégrant cette culture à une base rock, voire hard-rock, la curiosité grandit un peu plus. Il est donc grand temps de poser nos oreilles sur cette surprenante et prometteuse découverte.
Et dès les premières notes, c’est effectivement une découverte surprenante à laquelle nous devons faire face. Le problème, c’est que nous avons la sensation d’avoir à faire à une démo de pré-production enregistrée rapidement à l’aide d’une boîte à rythme et dans un studio de fortune. « Medicine Man » est une succession de 13 titres dont il est difficile de déterminer qui, de la pénible boîte à rythme, de la production brouillonne ou des nombreux cris ridicules est à l’origine du sentiment d’agacement qui ne tarde pas en s’emparer de nos nerfs. Ceci est d’autant plus attristant que le potentiel est palpable, que cela soit dans les riffs de base de la plupart des titres, dans l’originalité des interventions en Sioux ou, plus encore, dans des solos particulièrement brillants techniquement parlant, bien que paraissant totalement décalés. Malheureusement, il est humainement impossible de faire abstraction de cette boîte à rythme exaspérante, alors que la région ne manque pas de batteurs d’un niveau suffisamment honorable pour la remplacer.
Il est également surprenant de constater qu’un musicien ayant l’expérience de Thierry Sorondo ait pu s’accommoder d’une telle production. Au-delà de cette satané machine qui déshumanise totalement une musique qui se veut encrée dans la culture traditionnelle d’un peuple, la multiplication de samples et autres bruitages ne bénéficie même pas d’un mixage équilibré. Enfin, comment ne pas s’attarder sur le chant de Laurent Brun-Lafferrere. Si son potentiel est indéniable de part un grain de voix grave et légèrement rocailleux, sa performance est lourdement handicapée par la multiplication de cris ridicules, par des montées dans les aigus mal maîtrisées et par une tendance à trop vouloir en faire.
Difficile, donc, de retenir un titre en particulier de cet album, si ce n’est, peut-être, un « The Sweet Lodge » encore plus pénible que la moyenne de part l’accumulation de bruitages électroniques au milieu de samples de chants et paroles Lakotas, ou, dans un esprit plus positif, les deux ballades qui clôturent ce « Medicine Man » sur une note d’espoir. La première (« The Vision And A Dream ») apporte un peu de repos à nos oreilles sur une base popisante, bien que toujours handicapée par cette satanée boîte à rythme. Enfin, la semi-acoustique « Spirit Of The Red Man » semble mieux maîtrisée que le reste de l’album, et bénéficie d’intéressantes interventions de guitare solo. Malheureusement, sa fin est bâclée et c’est sur cette impression négative que nous finissons notre écoute.
Il n’est donc pas évident de conclure sur une note positive après une telle épreuve. Ceci est d’autant plus rageant qu’il y avait matière à beaucoup mieux faire. Il nous reste donc à souhaiter que notre duo prenne la peine de s’offrir une véritable production ainsi que les services d’un véritable batteur, et qu’il réussisse à mieux maîtriser son art lors de ces prochains albums. Nous terminerons également en signalant qu’un euro sera reversé à l’association Pine Ridge Enfance Solidarité pour chaque CD vendu. Pourvu qu’elle ne compte pas uniquement sur ces revenus !